Une photo, quelques mots (81)

vie

   © Leiloona

    Il suffisait juste de patienter un peu. Oui, de patienter quelques milliers d’années. Mais à l’échelle de la création, est-on vraiment à ça près ?

     L’espèce précédente s’était révélée un peu violente et indisciplinée. J’avais usé d’un subterfuge pour l’éradiquer. Un bon gros météorite et le tour fut joué.

    Laisser un peu la Terre se reposer et m’atteler à une créature parfaite, une créature qui me ressemble. Un peu de glaise, un souffle d’âme et l’affaire fut menée.

    Dès le départ, je me suis aperçu que j’avais mis trop ou trop peu de quelque chose dans cette créature. Il n’a pas fallu longtemps pour qu’elle m’échappe. Je l’ai chassée du Paradis, pensant la calmer un peu. Mais elle a répandu sur Terre toute la misère qu’il était possible de créer. Et aucune grande catastrophe ne l’a ramenée à un peu d’humilité. Son cerveau n’a eu de cesse de créer toujours plus de destruction, toujours plus de malheur.

    Et bien évidemment, sur le dos de qui mettait-on la somme des misères de l’Humanité ? Le mien. Fallait bien que je n’existe pas pour laisser faire une telle somme d’atrocités…

    Il m’a fallu quelques milliers d’années avant de me résoudre à éradiquer encore une espèce que j’avais créée : faiblesse ? lâcheté ? absence d’idée pour la suivante ? Après tout, peu importe.

    Comment l’ai-je supprimée ? Ah, vous ne me croirez pas. Je n’ai pu qu’assister impuissant à sa propre destruction. L’Homme, malgré sa raison, a réussi tout seul à détruire ce que j’avais créé. Il a tout dévasté, a pillé et tué son voisin, a humilié sa femme et ses enfants, s’est servi sans jamais donner en retour. L’Homme a décimé seul son espèce. La Terre s’est retournée contre lui et l’a englouti…

    Et quand on voit la Nature reprendre ses droits après tout ce carnage, on se dit qu’on est bien mieux sans eux. Certes, il va falloir trouver une légende pour les suivants. Afin d’expliquer ces quelques vestiges de l’Humanité. Mais je ne suis pas inquiet, je trouverai. Je ne suis pas pressé.

une-photo-quelques-mots1

12 réflexions au sujet de “Une photo, quelques mots (81)”

  1. Hello, très joli texte sur l’inconscience et la folie humaine qui ne se préoccupe plus du monde dans lequel il vit et sur la responsabilité collective de nos actes. Décidément je deviens fan de ton style bises.

    Répondre
  2. Chouette angle ! j’aime bien cette prise de parole du « grand patron » qui se désole de la bêtise humaine… Il se désole, mais bon, il trouvera bien autre chose à créer à la place. Nous sommes les acteurs de notre avenir. Personne ne nous aide à tout détruire, on le fait très bien tout seul. Joli clin d’oeil 🙂

    Répondre
  3. Effectivement si Dieu existe,ça doit le démanger parfois….Allez hop!Rejoignez les dinosaures et tant pis pour vous…

    Répondre
  4. Bon, en même si l’être humain est aussi con et destructeur, c’est peut-être que son créateur ne s’est pas assez appliqué lors de la création de cette stupide créature… Il aurait pu faire une mise à jour du firmware, comme sur les smartphones 😉

    De toute façon, la civilisation humain sur la planète Terre ne représentera que quelques milliers d’années, bien moins que l’ère des dinosaures. A l’échelle du temps « Terrien », nous ne sommes qu’un incident, toutes traces de notre présence disparaîtra très rapidement 🙂

    Vision plutôt cynique du « Créateur » sur sa « foutue » création.
    Tant pis il aurait dû s’arrêter à la création des dauphins… et à celle de Gérard Lenorman pour chanteur leur gloire 😉

    Répondre
  5. Étant dans ma période « on va tous mourir à cause de nous mêmes  » parce que quand même plus con que de se tuer entre nous ou se faire crever à cause de la destruction de la planète y’a pas…je plussoie ce texte qui dit tout ça bien mieux que moi ! très d’actualité malheureusement.

    Répondre

Laisser un commentaire