Une photo, quelques mots (74)

sur un banc

© Romaric Cazaux

    Rien de tel que la vie pour affûter sa plume. Là où certains s’enferment, se calfeutrent pour convoquer le génie, moi je m’expose au monde pour m’en imprégner. Je me pose, l’air de rien, dans un endroit anodin. J’observe les gens autour de moi ; je me remplis d’eux et des morceaux d’existence que je peux leur voler.

    N’est-ce pas un peu ça, au fond, écrire ? S’imprégner de toutes ces vies qui ne sont pas les nôtres et les réinventer ? Donner la petite touche de lumière nécessaire à la grisaille du quotidien qui nous entoure. Faire de gens du quotidien des héros de papier.

    Ces deux-là derrière moi seront les prochains. Ils ne se doutent de rien, se bécotent comme si le monde leur appartenait… C’est le cas d’ailleurs. Les amants qui s’embrassent gobent le monde entier avec leur bouche et créent par ce baiser une petite bulle dans laquelle ils disparaissent ensemble. Ma plume aujourd’hui va tâcher de sublimer leur désir, de réinventer la jonction de leurs lèvres. L’écriture pour que l’éphémère puisse toucher à l’éternel et pour que ces deux êtres couchés sur l’herbe le soient à jamais sur mon papier.

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28 réflexions au sujet de “Une photo, quelques mots (74)”

  1. La dernière phrase est sublime mais j’aime aussi celle sur les amants qui gobent le monde à pleine bouche. Un très joli propos sur l’écriture dans lequel je te reconnais bien.

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  2. Texte court et ô combien juste. De savoir que ces deux amoureux resteront à jamais couchés sur le papier me rempli de joie….
    ps : J’adore ton style !

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  3. Juste quelques mots, mais quelle justesse dans leur choix… Même questionnement chez toi, @Leilonna et moi sur le processus de l’écriture. Le dernier paragraphe est un feu d’artifice d’images puissantes et de sensualité… et je ne parle même pas du bouquet/phrase final.; Respect.

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  4. Quel plaisir de retrouver tes écrits ! le début de ton texte fait écho avec celui de Leiloona sur l’art d’écrire en croquant les personnages qui nous entourent avec leurs vies ! Trop hâte de lire la suite sur « ces 2 là qui « ne se doutent de rien, (et) se bécotent comme si le monde leur appartenait… » 😉

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