© Diane
Des années à astiquer cette vieille carlingue, la bichonner, la protéger tant bien que mal contre la rouille. Une fois les années de pêche passées, une fois la retraite arrivée, j’aurais pu m’en aller. Mais pour aller où ? Pour chercher quoi ? Pour trouver quoi ?
Ma vie, je l’avais passée ici, avec toi. Chaque sortie en mer n’avait qu’un seul but : te revenir au plus vite. Te revenir entier, te revenir tout court. Aux premières années d’émoi qu’ont suscité mes retours, le sourire sur ton visage qui se décrispait de me savoir rentré, ont succédé des années d’ennui de te retrouver seule à attendre les quelques jours où je rentrais, inlassablement attiré par l’appel des vagues et du vent. Puis il y eut les mois d’agacement. J’ai senti que toi aussi, tu embarquais vers d’autres horizons.
Et puis un jour, au retour, personne sur la jetée. Etonné, inquiet, vers la maison, je me précipitai. Un mot sur le frigo, laconique « J’ai besoin d’air. Je reviendrai ». A ta manière, tu avais pris le large. Ne me restait que le vent dans les voiles…
Voilà douze ans que je t’attends, que je guette sur le chemin de terre quand toi, tu guettais l’horizon sur la mer. Les voisins se moquent. Ils savent ce que je feins d’ignorer : que tu ne reviendras pas. Au marin, tu as préféré un nouveau béguin. A la mer, tu as préféré la terre ferme.
Joli texte Stephie !
La solitude du marin, la difficulté de vivre loin des siens et de revenir pour si peu de jours. La lassitude de ceux qui restent à attendre… merci !
Merci à toi de me lire, surtout 🙂
Un beau texte en effet sur l’attente. Mes tartines te remercient!
Je ne t’aurais pas laissé commencer un lundi sans le texte des tartines 😉
Oh zut ! Pauvre homme. En même temps, être femme de marin… pfff.
Et puis l’histoire ne nous dit pas s’il s’occupait vraiment d’elle quand il était là. On se mord souvent les doigts une fois l’être aimé définitivement perdu
J’aime beaucoup ton texte, finalement tu n’a pas écrit une histoire d’amour gnangnan mais une triste et douloureuse attente. Est-ce si stupide d’attendre ainsi que son amour revienne ?
Je ne sais pas. Ou alors une part de moi est bien stupide 🙂
Femmes de marin, c’est quelque chose qui m’impressionne et me fait froid dans le dos en même temps. Cet homme doit être bien égoïste. 12 ans ont passé, il attend toujours mais semble ne se poser aucune question sur son propre comportement vis à vis d’elle.
Le texte ne dit que ce que je veux laisser entendre. On souffre toujours des choix ou des non-choix que l’on fait…
J’adoore la façon dont sonne ton texte. J’ai l’impression que chaque mot fait echo à un autre. Un très beau texte.
Merci pour ta lecture attentive Amandine. J’aime les sons, le rythme et les échos donc ton commentaire m’honore 😉
Le coeur de la douce en a eu assez de passer sa vie à attendre. Pauvre marin ! Son choix de vie professionnelle, aura détruit sa vie amoureuse.
On est responsable de nos choix. Pas coupable mais responsable 😉
un très joli texte encore une fois. on ne réalise notre bonheur que quand on le perd, paraît-il.
C’est souvent vrai… 🙁
Quel joli texte … malgré la tristesse de ce marin qui s’accroche à un espoir qui semple perdu …
Merci 😉
Il est beau ce texte……….Meme triste il est sublime
Merci du partage Stephie……….
Merci de ton commentaire 😉
Oui, nos choix nous font parfois souffrir aussi….
Souvent en fait…
Texte cours mais dense et les mots choisis disent beaucoup. Alors oui il est beau !
Merci 😉
Triste attente, sublime le récit.
Merci Kentin 😉
hé oui, il y a ceux pour qui l’amour dure… trois ans 😉 et il y a les autres 😉
Oui, il y a ceux qui aiment longtemps… 🙂
Je m’attendais un peu à la fin, mais … pas du tout amenée de cette jolie manière. J’aime beaucoup l’humour sous-jacent dans cette triste conclusion.
Pas de chute pour une fois, ça change 😉
Oh mince! Encore une histoire d’amour qui finit mal 🙁
Pas pour elle 😉
Joli récit mélancolique, j’aime beaucoup.
J’aime surtout son rythme et « les sons qui se répondent », « comme de longs échos qui de loin se confondent », comme dirait Charles… tu maîtrises!
Merci beaucoup ma jolie 🙂
Les textes en « é », hein ? Tu en fais une belle utilisation pour illustrer la fatalité de l’attente, de l’ennui et des choix. J’ai beaucoup aimé.
Merci beaucoup 😉