Une photo, quelques mots (47)

fresque

@Kot

La même rue

    Jolie rue pavée,  jolie rue décorée. Toi qui vois la journée, le ballet de tous ces gens pressés qui ne regardent même plus ce dont tes murs sont ornés.

    Moi je te regarde chaque jour et j’essaie d’inventer à la lumière des ces dessins, d’autres vies que la mienne. Tu penses bien que j’ai le temps de les scruter, d’imaginer, de me projeter. Chaque jour, ou presque, je suis là, fidèle au poste.

    Je rêve de promenade au milieu des arbres, moi qui n’ai pour refuge que le béton du trottoir. Je rêve d’avoir un enfant mais mon ventre est stérile d’avoir été beaucoup trop semé. Je soupire devant ce couple qui avance main dans la main, insouciant ou se projetant dans un avenir qui m’est fermé. La mienne de main, on ne la prend que pour lui en imposer.

    Jolie rue pavée, jolie rue décorée, tout le monde t’a désertée. Maintenant un autre ballet peut commencer. Celui des filles comme moi, les prostituées.

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41 réflexions au sujet de “Une photo, quelques mots (47)”

  1. Montrer la souffrance des prostitués, au lieu de les stigmatiser. Encore une preuve de ta tolérance et l’ouverture de ton esprit. Bravo miss.

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  2. Je crois que je commence à connaître ton écriture et tes sujets de prédilection car je n’ai pas été surprise quand j’ai commencé à lire le dernier paragraphe. Joli texte miss !

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  3. Encore une fois, la forme sert le fond. C’est oppressant à la lecture, comme ca doit l’etre pour ta narratrice. Bravo, quel texte!

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  4. Touchant, cette expression « mon ventre est stérile d’avoir été beaucoup trop semé », belle trouvaille qui exprime parfaitement le rêve d’enfant et la multitude des mauvais pères qu’elle a pu rencontrer au cours de sa vie.

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  5. C’est un texte très touchant, et je ne m’attendais pas à la chute.
    J’aime beaucoup ton style et les mots que tu utilises 🙂

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