Sous les couvertures – Bertrand Guillot

sous les couvertures    Moi, j’avais toujours rêvé de ce qui pouvait bien s’y passer. Mais Bertrand Guillot, lui, l’a raconté.

    Quand le rideau de la librairie est fermée, que s’y trame-t-il vraiment ? Eh bien, les livres prennent vie et débattent de leur condition de livre, évidemment. Et dans cette petite librairie, la révolte gronde ! En fin de semaine, le libraire est forcé de constater ce qui ne se vend pas et de prévoir les cartons des livres qu’il va renvoyer le lundi… au pilon. Or, certains trouvent injuste et effrayant d’y être envoyé à cause, notamment, de choix arbitraires du libraire d’en mettre certains en avant sur la fameuse table que chaque roman aimerait pouvoir fouler. Les mal-aimés décident de se rebeller et de prendre d’assaut la table des best-sellers.

    Pendant ce temps, d’autres personnages poursuivent leur vie : les auteurs des mêmes livres, le libraire, son assistante, la colocataire de celle-ci. Et de chapitre en chapitre, on volette des uns vers les autres. Quel régal !

    Voici un roman qui mêle une réflexion intelligente à un humour vraiment fin. On y aime les réflexions des livres sur le libraire, le monde de l’édition ; mais aussi leur kidnapping d’une tablette. On sourit à la lecture d’un passage très subtil sur la pratique des services de presse à l’intention des blogueurs mais aussi sur leurs pratiques de lecture. Et puis, on se marre franchement avec cette scène d’un livre, l’Académicien, s’astiquant devant les classiques.

    Parce que le roman de Guillot, c’est un peu cela : un roman non figé, grâce auquel on réfléchit et on rit alternativement. Un roman dans lequel on peut retrouver, à l’image des livres très différents qui en sont les protagonistes, tous les courants de littérature, sentant même souffler à nos oreilles un vent épique. L’auteur montre également la finesse de sa plume : il passe du dynamisme de certaines scènes à d’autres d’une certaine poésie. Il me semble qu’on peut même déceler dans certains paragraphes, une certaine taquinerie formelle et stylistique à l’égard de certains « genres » fort lus de ces demoiselles.

    Si mon intérêt s’est un petit peu émaillé lors de quelques pages concernant la bataille des livres, je peux vous assurer que c’est un roman à découvrir. Sous les couvertures vous parle avec talent de l’envers du décor. On s’attache aux livres, on s’attache aux personnages. On regrette d’ailleurs que l’auteur ne leur ait pas accordé un peu plus de place. J’aurais bien aimé aller plus avant dans une histoire, sous les couvertures, entre certains auteurs par exemple.

     Un roman d’un auteur qui aime les livres à ceux qui les aiment autant que lui.

     Une lecture partagée avec deux de mes comparses réguliers : Leiloona et Jérôme

Deux petites citations, pour le plaisir : 

* Et si le grand livre, c’était celui devant lequel le lecteur se sent tout petit ?

* C’était l’une de ces nuits où sans le savoir on abandonne de vieilles lunes pour voir le monde sous un nouveau jour, une nuit où les idées progressent sans qu’on puisse encore les suivre. Une nuit où l’on grandit.

55 réflexions au sujet de “Sous les couvertures – Bertrand Guillot”

  1. C’est léger et intelligent, finement analysé sans être barbant. En dehors de quelques longueurs inutiles et un peu confuses, j’ai vraiment passé un bon moment.

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    • Mais j’aurais vraiment aimé qu’il joue un peu plus sur les codes de la romance avec un titre aussi polysémique que « Sous les couvertures »

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  2. un choix des matchs de la rentrée littéraires que je ne regrette pas, même si j’aurais aimé suivre davantage les vies des libraires et auteurs, avoir plus de pages encore… 😉

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