Partager la publication "Quand la nuit devient jour – Sophie Jomain"
Avoir des certitudes sur certaines choses, n’avoir plus que des doutes et des envies de comprendre ensuite. J’ai lu Quand la nuit devient jour de Sophie Jomain.
Camille est franco-belge et elle a vingt-neuf ans. Toute la vie devant elle. Sauf qu’elle a décidé de mourir et qu’en Belgique son cas ayant été jugé recevable, elle va pouvoir bénéficier de l’euthanasie volontaire assistée. Quand la nuit devient jour raconte comment des médecins ont jugé recevable la dépression incurable d’une jeune femme et ont accepté de l’accompagner dans son choix de ne plus vivre une souffrance pareille.
Ce livre soulève de nombreuses questions : à quand la légalisation de l’euthanasie en France ? Dans quels cas un médecin peut-il décider de la pratiquer ? A quel moment décide-t-on qu’une souffrance (psychologique ici) est sans issue ?
J’ai beaucoup aimé ce roman parce qu’il ne prétend pas donner de réponse, il ne prétend pas savoir ce qui est le mieux. Camille souffre, c’est réel et perceptible. Elle a tout tenté pour sortir de ce mal-être. Vraiment tout ? C’est que l’on peut se demander. Mais qui est-on pour juger ? Sa douleur est réelle, le malheur qu’elle traîne jour après jour, elle est la seule à la porter. Même si ses proches en sont lourdement affectés.
Ce récit à la première personne retrace les derniers jours de la jeune femme avant l’acte d’euthanasie, son accueil dans une clinique, la prise en charge autour de son cas, les avis de tous ceux qui vont la côtoyer, leurs réactions aussi diverses que bouleversantes. Et puis, il y a le Dr Peeters, un excellent personnage secondaire. Et puis il y a cette fin ouverte que j’aime beaucoup.
J’ai eu un peu de mal à entrer dans le roman car j’ai toujours beaucoup de mal avec les récits à la première personne. Une fois passées les quarante premières pages, je l’ai dévoré, voulant à toute force savoir pourquoi, comment. Me demandant si on pouvait vraiment dire un jour qu’on avait tout essayé et que plus rien n’était envisageable. Essayant de me mettre à la place de chacun des protagonistes. Comprenant parfois. Mais pas toujours. M’attachant beaucoup aux personnages.
Au-delà de ça, je n’ai retenu qu’une chose : chacun devrait avoir le droit de décider sereinement de sa vie et donc de sa mort. Chacun devrait avoir le droit de rester digne. Le seul point qui m’interroge encore, c’est celui de la capacité à envisager le point de non-retour dans les affections psychologiques. Je ne dis pas que ce n’est pas possible, que ça ne doit pas exister. Juste que ça m’intrigue rudement.
J’ai conscience d’avoir peut-être davantage réagi sur le sujet que sur le roman lui-même. De fait, je pense que c’est un roman réussi puisqu’il continue de résonner après qu’on l’a refermé. Et j’imagine qu’il a dû parler très fort à toutes les personnes qui ont pu endurer une vie aussi éprouvante que celle de Camille. Pas de pathos, rien de sordide, n’ayez crainte, juste le récit de la douleur de quelqu’un qui ne trouve pas le chemin vers la quiétude et le bonheur.
Quand la nuit devient jour est un récit sensible et sans excès. Bravo !
Ta chronique me conforte dans l’idée qu’il faut que je le lise 🙂
Même si j’avoue avoir un peu peur de cette lecture en même temps. On va dire que ça ne pourra pas être pire.
Je pense au contraire que cette lecture te fera beaucoup de bien ! Donc oui, fonce !
d’accord 😉
faut toujours que je trouve comment télécharger et lire des trucs sur la tablette, si je commence à acheter des non-poches je vais exploser mon budget livres en même temps que ma bibliothèque ^^ bon, le tout c’est de chercher une bonne fois ^^
Franchement avec l’appli Kindle, c’est un jeu d’enfant 😉
Je pense que ce n’est pas pour moi, trop dur ! Mais indispensable néanmoins !
Oui je pense que c’est un sujet que Sophie Jomain a eu raison de traiter
Oh tu suscites mon intérêt jeune fille
J’espère que ça t’intéressera 🙂
Roman réussi parce qu’il traite d’un sujet sensible ? Sur lequel tout le monde a quelque chose à dire finalement…
Surtout parce que le sujet est à la fois traité en focalisation interne ce qui touche, mais sans pathos, ce que j’aime. Et qui fait réfléchir sans pour autant vouloir donner un avis tranché 😉
Un sujet qui interpelle forcément. Et on sent que le roman a soulevé bien des réflexions chez toi.
Oui, ça touche à la mort, au choix, à la dignité. Et je viens d’avoir 40 ans… ahum… on s’en pose des questions à 40 ans 🙂