Partager la publication "Mon vagin, mon gynéco et moi – Rachel Lev"
Rien de tel que de parler de vagin pour démarrer l’année et reprendre le rendez-vous « Le premier mardi c’est permis ».
En revanche, on ne va pas parler vagin histoire d’affoler notre libido… quoique, si on y pense… Depuis quelques années, on entend beaucoup parler des violences gynécologiques et obstétricales. La BD que je vais vous présenter est une mine précieuse pour aborder ce douloureux sujet.
On a longtemps admis qu’avoir mal pendant ses règles c’était inévitable. On a également longtemps admis que se faire fourrer sans délicatesse avec un speculum était inévitable. Après tout, si on nous inflige cela, c’est pour notre bien… et les femmes en font toujours des caisses sur tout (douleur, émotivité, etc.). Depuis une vingtaine d’années, avec une accélération récente, la parole se libère. Et le « non » commence à se faire entendre.
Dans Mon vagin, mon gynéco et moi, Rachel Plev offre un panorama complet et fouillé du sujet. Elle propose un historique passionnant et détaillé de la condition des femmes (et de leur corps) depuis la préhistoire. Ensuite, elle établit une sorte d’inventaire des pratiques, et par extension des déviances qui en découlent. C’est un ouvrage précieux que je recommande chaudement car il allie propos documenté à une dose habilement équilibrée de revendication et d’humour à la fois. Le dessin et les couleurs vives créent une véritable dynamique. Loin de jeter tous les soignants dans le même bain, l’autrice met le doigt là où ça fait mal : notre intimité.
Mon vagin, mon gynéco et moi
Je ne me voyais pas finir ce billet sans vous parler de mon cas. J’ai toujours eu un rapport plutôt décomplexé à mon sexe. Aller chez le gynéco ne m’a jamais dérangée. J’y vais comme on va chez le dentiste et même si ce n’est pas un moment que j’aime, ça fait partie des choses à faire. Donc je m’en fous un peu. En revanche, en trente ans de consultation, je n’ai rencontré que deux gynécos dont je peux dire qu’elles ont été géniales et que j’ai senties à l’écoute de moi et de mon corps.
Comme dans le livre, j’ai souvent entendu que ma douleur était normale, que je devais faire avec. Une fois d’ailleurs, c’est mon osteo qui a réglé un souci de douleur dont ma gynéco avait dit que j’allais devoir apprendre à vivre avec…
De même, lors de mon accouchement, que j’avais bien vécu au demeurant, je découvre « un peu par hasard » qu’on m’a fait une épisiotomie. Je m’explique : c’est parce que la péridurale faisait moins effet que j’ai senti qu’on me recousait. J’ai poussé un « aïe » un peu surpris et on m’a répondu de ne pas gigoter, qu’il ne restait plus qu’un point à faire. Sur le moment, je n’ai rien dit. J’ai pensé que c’était ainsi, après tout le corps médical sait ce qu’il fait. Avec le recul, j’ignore si c’était vraiment nécessaire et à aucun moment on ne m’a expliqué. Je vous passe la réflexion du gynéco de service le surlendemain » Alors, elle récupère comment cette foufoune ? Ah mais elle est toute jolie, elle cicatrise bien », sans même avoir échangé avec la propriétaire de la dite foufoune. Ma voisine de chambre a rigolé… elle le connaissait « il est comme ça mais c’est un super médecin ». Encore heureux…
Le point du mari
Quelques mois plus tard, lors d’une visite de contrôle post-accouchement, j’évoque un souci à ma gynéco. La reprise de la sexualité (et donc la pénétration) est compliquée. J’ai mal. Je lui dis « C’est étrange, c’est comme si on m’avait recousue trop serrée ». Pensez bien qu’elle m’a répondu que je disais n’importe quoi, qu’il suffisait juste de me forcer un peu, que ça s’assouplirait… J’ignorais tout de la pratique appelée le « point du mari ». Il arrive (j’ose espérer de moins en moins) qu’on recouse un peu plus serré le vagin d’une femme après épisiotomie, afin de satisfaire le mari… Heureusement pour moi, j’ai persisté, ça s’est assoupli et je n’en ai pas gardé de traumatisme… mais c’est loin d’être le cas de toutes les femmes…
Je ne sais plus si tu as lu « Hystériques » de Sophie Adriansen, mais certains thèmes sont communs !
Je l’ai lu cet été, adoré, mais pas chroniqué sur le blog. Je suis tout à fait d’accord avec toi : les deux livres vont de pair.
Alors je commente hein tu vois
Juste pour dire que cette bd m’a l’air bien pensée et qu’il est grand temps en effet que la parole se libère.
Le point du mari est une pratique à gerber. Ya pas d’équivalent masculin à cette pratique mais ça me donnerait bien envie d’en inventer une pour qu’ils en pleurent leur mère un peu !
Le pire, c’est que ce sont des femmes qui m’ont accouchée et recousue, hein 😉 Les soignantes ont leur part dans ces pratiques indignes 😉
Oh ben putain oui c’est pire !
Les femmes sont leurs pires ennemies entre elles…
La parole se libère, faut qu’elle soit entendue.
J’ai depuis peu une autre gynéco et elle est la première à me demander si elle peut y aller, si ça va… Ce n’est pas grand chose mais ça change beaucoup.
C’est même un minimum quand on y pense 😉
Le point du mari ? Mais c’est charmant… Et la réflexion du médecin était franchement déplacée !! Au fil des années (et de mes déménagements !) j’ai souvent changé de gynéco. J’ai donc pu voir les différences de pratique ! Celle que j’ai actuellement est douce, gentille et à l’écoute (ce qui est la moindre des choses, on est d’accord, mais on sait toutes que ce n’est pas toujours le cas !). Et je ne pensais pas dire cela un jour, mais si je déménage, elle me manquera !! Une bd que je vais lire.
J’espère que cette lecture te plaira 😉
Je suis un peu un ovni, je n’ai rencontré que des gynécos que j’appréciais et qui ont été à l’écoute. A part un « ça ne fait pas mal » après mon accouchement de la part de la gynéco qui me recousait, je n’ai rien à déplorer. La remarque sur la « foufoune » me fait halluciner… Et le scandale autour d’un gynéco m’a aussi rendue folle de rage. Heureusement que la parole et la prise de conscience médicale sse développent ces dernières années.
Non, il existe des gens qui ne rencontrent que des soignants bienveillants et c’est tant mieux