Le goût du baiser – Camille Emmanuelle

  Rien de tel que Le goût du baiser de Camille Emmanuelle dans la nouvelle collection « L’ardeur » chez Thierry Magnier pour le premier mardi c’est permis de 2020.

    Le goût du baiser est le premier roman de Camille Emmanuelle, autrice dont j’ai lu et chroniqué plusieurs essais sur ce blog. Je vous invite à aller les lire : je les ai trouvés intelligents et résolument féministes. (La fonction recherche du blog vous permettra de les retrouver facilement.)

    Aurore est une jeune fille comme les autres, obnubilée par une probable invitation à sa fête d’Antoine, le garçon en vogue de son lycée. Et l’invitation arrive. Sur son téléphone, par SMS. Mais pour le lire, elle perd le contrôle de son vélo. Et c’est l’accident. Le choc lui fait perdre le goût et l’odorat… et que les conséquences vont influer sur sa vie quotidienne.

Le sujet qui sous-tend toute l’intrigue de ce roman est à la fois original et intéressant. Non seulement, il ouvre les esprits sur la différence mais la thématique sensuelle est ainsi parfaitement introduite. Ce handicap va influer sur certains « mauvais » choix d’Aurore. Je dis mauvais car ce ne sont pas de vrais choix et qu’elle n’arrivera donc pas à les assumer. Autour d’elle gravite une galerie de personnages très intéressants : le fameux Antoine, mais aussi Valentin et Bintou, sa meilleure amie.

Un texte cru, mais jamais vulgaire.

  Le sexe est un des ingrédients de cette histoire, il n’en est pas le centre. Et c’est pour cela,  je pense, que le roman est aussi bien réussi. Ce texte aborde sans tabou le sujet de la masturbation, du désir physique, du consentement. Et j’ai eu un coup de coeur pour Bintou, dont le discours est d’une maturité impressionnante.

    Avec la collection « l’Ardeur », les éditions Thierry Magnier se proposent de mettre en avant un projet fort et ambitieux. Ecrire de l’érotisme pour nos grands ados. J’en entends déjà qui grognent au fond de la salle, si si… Et pourtant… Quelle image veut-on que nos ados aient du sexe ? Comment veut-on les voir entrer dans leur vie amoureuse (et donc sexuelle ?) Par le biais des films pornos ? Je ne diabolise pas ces derniers mais ils ne peuvent être une porte d’entrée, ni donner l’impression qu’ils sont la norme en matière de sexualité.

    Je recommande donc les yeux fermés et je vais discrètement le poser sur la table de nuit de mon fils de 15 ans.

    Et pour plus de lectures inavouables, je vous guide vers le coup de griffe de Jérôme, je vous invite à jouir avec Amandine, à vous rendre chez l’Irrégulière qui aborde les liens entre yoga et sexualité, chez Noukette qui s’intéresse à l’audio-pornographie, chez Manika qui vous propose une lecture coup de poing.