Parfois, je me dis que je mérite ce qui m’arrive. Après tout, personne ne m’a forcée à aller me fourrer dans un tel pétrin. Mais j’ai parfois des sortes d’envies compulsives : je vois une bande de blogueuses déchaînées se réjouir de la sortie d’un titre, à cela ajoutez une couverture qui attire l’oeil, et me voilà embarquée comme une grande à vouloir le lire moi aussi.
Pitchons un peu, chers lecteurs assidus de ce blog enfin même si je me demande où vous avez bien pu tous disparaître ces dernières semaines. Jenny est encore une de ces jeunes filles américaines à qui tout réussit : elle est belle, ses parents, ont de la thune et elle a un petit copain trooooooop adorable – même qu’ils sont ensemble depuis qu’ils sont tout petis. Et figurez-vous que c’est l’anniversaire de son Tom d’amour. Alors, elle va lui organiser une super fête avec tous leurs amis – ceux qui comptent hein. La Jenny, et c’est bien là son pire défaut, n’est pas très organisée. Et là voilà qui s’aventure, allez savoir pourquoi, dans un quartier malfamé à la recherche d’une idée originale.
ALERTE ! ALERTE ! ALERTE ! Non mais, franchement, déjà là, ça partait mal… Figurez-vous la pauvre petite fille de riche perdue au milieu d’un quartier plein de vilains voyous. Même que deux d’entre eux la suivent et doivent en vouloir à son hymen à son sac. Alors, tenez-vous bien, elle va sentir sous ses doigts la poignée de l’entrée d’une étrange boutique. N’écoutant que sa raison, elle entre. Je sens votre soulagement, chers lecteurs !!! Et là, dans cette boutique, il y a le vendeur, hiiiiiiiii !!! Un garçon encore plus beau que son petit ami et figurez-vous que cette dépravée de Jenny va le trouver beau alors qu’elle a déjà un copain… c’est tout bonnement scandaleux, une atteinte aux bonnes moeurs, ni plus ni moins. Et je partage avec vous la description hautement poétique que le narrateur nous fait des yeux du tentateur :
« Ces yeux. Bleus. Sauf qu’ils n’étaient pas juste bleus mais d’une nuance indescriptible qui lui rappela un éveil au point du jour, quand elle avait aperçu, par la fente entre les rideaux, cette incroyable lueur de l’aube qui n’avait duré qu’une seconde avant de se fondre dans les couleurs habituelles du ciel au petit matin. »
EH ! OH ! Réveillez-vous, je sens bien que vous êtes sous le charme vous aussi… Bon, rentrons dans le vif du sujet. Cet étrange garçon va lui vendre un jeu aussi étrange que lui. Et même si Jenny sent le danger ben oui, le livre va nous montrer à quel point elle est finaude la Jenny, elle va quand même parvenir à mettre tous ses amis dans une bien belle galère. En effet, ce jeu prend réellement forme et la bande d’adolescents va se retrouver piégée dans une maison aux prises avec leurs pires cauchemars et avec le maître du Jeu, le fameux vendeur aux yeux bleus, Julian…
Alors, comme vous le pressentiez déjà, lecteurs perspicaces, ce livre n’est pas un coup de coeur. Je ne peux pas nier qu’il y avait deux-trois bonnes idées mais qu’elles sont noyées au milieu de tout un fatras inutile au possible. Ah oui, car j’ai oublié de vous dire que ce pavé (plus de 600 pages) est en fait une réédition qui donne au lecteur la chance merveilleuse d’avoir dans le même livre, les trois tomes de la saga. Parce que là où un auteur digne de ce nom aurait écrit 250 pages, L.J Smith parvient à nous tenir en haleine sur trois tomes. Mais non, loin de moi la pensée que les auteurs de la décennie surfent sur la mode de la saga pour pomper le fric des parents d’ados prépubères, boutonneux et un peu crétins il faut le dire. Eh oui, car là encore, la cible visée est notre lecteur adolescent en devenir, notre futur grand lecteur en construction on comprend mieux certains succès de librairie au rayon adultes. Là encore, je vous ai relevé un passage montrant à quel point l’auteur se soucie d’éduquer son lecteur :
» Non sérieux, insistait Audrey en la regardant sous ses longs cils notez le talent descriptif. Quand un mec est trop sûr des sentiments d’une fille, il n’y fait plus attention, il croit que c’est gagné, il ne se donne plus aucun mal. Il se met à regarder ses copines. Tu dois entretenir l’incertitude, qu’il ne sache jamais ce que tu vas faire. »
Tsssss, je vous vois prendre des notes…
Et puis je vous le donne en mille… je sais que vous allez pousser de grands « oh » d’étonnement car ce ressort romanesque n’a jamais été utilisé… Jenny va se trouver irrésistiblement attirée par Julian qui est… IMMORTEL… et ouais, je savais que ça ne se faisait pas de spoiler un truc aussi bien cherché. Non, je ne vous dirai pas qui va l’emporter de Tommy le gentil ou de Julian le méchant… En tout cas, si vous avez envie de scènes de baisers torrides sans la langue, hein, faut pas déconner vous allez être servis (ou pas).
Il m’a fallu un courage digne des plus grandes héroïnes de ce siècle pour aller au bout de cette trilogie. Le début du second tome m’a laissé espérer pendant un chapitre que ça allait décoller, et puis ce fut tout. Je ne comprends pas comment un éditeur sensé n’a pas contraint l’auteur à resserrer ces trois romans en un seul, en supprimant des dialogues d’une nullité sans pareille afin de proposer un huis clos qui aurait pu être des plus effrayants. Remarquez cela nous aurait privés de la réplique de Julian : » Je suis cruel, comme la vie, comme l’amour. » et quelques lignes plus loin « Je connais des glaçons qui embrassent mieux que ça ».
Si certains auteurs pouvaient arrêter de sous-estimer les lecteurs de moins de dix-huit ans ben quoi c’est mon âge, on leur roulerait des pelles les remercierait vivement.
MINUTE HOMMAGE, CHABADABADA Je tiens avant de clore ce billet à rendre à Sara ce qui appartient à Sara. En effet, c’est à elle que je me permets d’emprunter le tic du barrage des âneries que j’écris à l’occasion. Je tiens à le dire afin de ne pas être soupçonnée de plagiat, de ne pas lui imposer l’écriture de deux billets pour parler de ce sujet épineux car on sait que la plume de la blogueuse est précieuse et m’éviter les huées de la police des blogs. Et puis en la linkant un peu, je prends le risque de faire grimper un blog intelligent au classement Wikio… ne me remerciez pas…
N’oublions pas que ceci est une LECTURE DU DIMANCHE, concept hyper original que Pimprenelle et moi aurions dû penser à protéger. Allons donc lire son avis au lieu de traîner ici.
37 réflexions au sujet de “Un jeu interdit de L.J Smith”