Tout est encore la faute de Cuné qui fait des billets dans lesquels elle distille un poison tel qu’on ne peut s’empêcher de vouloir lire le même livre qu’elle ! Alors, comme la Stephie est faible et en manque de lecture, elle a succombé.
Mia a la cinquantaine et elle partage la vie de Boris depuis une trentaine d’années. Quand celui-ci lui annonce qu’il a une liaison et que cette femme, qu’elle va appeler la Pause, est beaucoup plus jeune qu’elle, notre narratrice craque littéralement. Après un séjour en hôpital psychiatrique, elle décide d’aller vivre quelques temps près de sa mère domiciliée dans une maison de retraite du Minnesota. Mia va croiser le destin de plusieurs personnages féminins appartenant à des générations différentes : les femmes qui vivent au même endroit que sa mère, les jeunes filles à qui elle va donner des cours de littérature et Lola, sa voisine, qui a une relation cahotique avec un mari coléreux.
Dans l’ensemble, j’ai aimé ce roman même s’il me manque un petit « je ne sais quoi » pour en faire un coup de coeur. J’ai beaucoup aimé tous ces portraits de femmes à des âges différents, dans des circonstances différentes. J’ai aussi beaucoup aimé les interventions de la narratrice qui, assez souvent, interpelle son lecteur et le prend à parti. Néanmoins, je ne sais pas, j’ai eu l’impression de rester en dehors une bonne partie du roman. Et pourtant, tout était là pour me plaire : le thème, l’intelligence narrative, la qualité littéraire du texte.
Quelques phrases piochées au fil des pages, parce qu’on est jeudi :
* « Un homme sort acheter des cigarettes et ne revient jamais. Un homme dit à sa femme qu’il va faire un tour et ne rentre pas à la maison pour dîner – plus jamais. Un jour d’hiver, l’homme s’est levé et est parti, point. Boris n’avait pas exprimé son insatisfaction, il ne m’avait jamais dit qu’il ne voulait plus de moi. Ca l’avait pris, comme ça. Qui étaient ces hommes ? »
* « Exploser n’est pas la même chose que s’effondrer et, ainsi que nous l’avons déjà dit, même l’effondrement peut avoir une utilité, un sens. Vous avez longtemps pris sur vous, mais tolérer des fêlures, cela fait partie de la santé et de la vie. »
* « Lire est une activité privée, souvent exercée derrière des portes fermées. Une jeune dame pourrait se retirer avec un livre, pourrait même l’emporter dans son boudoir, et là, étendue sur ses draps de soie, tandis qu’elle s’imbibe des passions et frissons manufacturés par la plume d’un écrivain polisson, l’une de ses mains, pas absolument indispensable pour tenir le petit volume, pourrait s’égarer. Ce que l’on craignait, en bref, c’était la lecture à une main. »
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