L’annonce de ce partenariat lancé par News Book et les éditions Fayard m’a tout de suite tapé dans l’oeil : un roman qui prenait pour base la séquestration, les tortures et le meurtre du jeune Ilan.
Ce roman raconte donc comment une bande de jeunes d’une cité de Bagneux (et quelques uns de Bobigny) mettent en place l’enlèvement d’un jeune juif sur le seul motif apparent que les juifs étant réputés pour être riches et soudés, ils vont pouvoir toucher une importante rançon en échange de sa libération. Le roman montre comment les liens entre les différents protagonistes se nouent, comment ils tentent plusieurs coups avant d’enlever celui qui, dans le roman, se prénomme Elie. Et comment ils vont se tromper de cible puisqu’Elie est issu d’une famille très modeste. Yacef, le cerveau de la bande, va aller d’erreur en erreur et plus son pla échoue, plus Elie est en danger. Le jour de sa séquestration, Elie ne le sait pas encore mais il n’a plus que vingt-quatre jours à vivre, vingt-quatre jours où il sera torturé et détenu dans des conditions abominables.
Dès le départ de ce roman, on en connaît l’issue : Elie va mourir. Si l’on se documente un peu, on s’aperçoit que les faits et les personnages sont à peine maquillés, leurs noms à peine travestis. Néanmoins, l’auteur préfère le filtre du roman plutôt que de s’engager dans la voie du documentaire, peut-être pour s’offrir une légère marge de manoeuvre, notamment pour l’expression des sentiments des divers membres de cette affaire.
C’est un livre à ne pas manquer car il réussit le pari de parler d’un fait qui a secoué la France, de nous faire aller au fond des choses, de suivre ceux qui ont constitué « le gang des Barbares ». Néanmoins, l’auteur ne sombre jamais dans le voyeurisme, ce que qu’a subi le jeune homme est dit mais jamais décrit dans les détails les plus atroces qui ont dû avoir lieu. De même, on ne tombe jamais dans l’apitoiement pour la victime ni dans le jugement de ses tortionnaires. On s’approche souvent d’un ton presque journalistique, un ton qui livre les faits tels qu’ils se sont produits et permettant au lecteur de se faire un jugement qui lui soit vraiment propre.
Cette affaire a également pris une tournure religieuse puisqu’il a été dit le danger de l’extrémisme religieux, de l’antisémitisme. Or, la question de savoir si la motivation profonde était religieuse ou financière restera floue. A ceux qui disent que l’Islam est dangereux, je répondrai que le seul danger est l’ignorance et l’inculture. Ce qui ressort des personnages qui ont oeuvré dans cette tragédie c’est qu’ils étaient pour la plupart en rupture scolaire, en rupture sociale. Comme je le dis souvent à mes propres élèves : « Votre seul moyen d’accès à la liberté, c’est la culture. » L’ignorance est selon moi le pire des fléaus et entraîne des gens fragiles et sans discernement à commettre l’irréparable, peu importe que le prétexte soit religieux ou pas.
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