tangente vers l'est    Depuis son précédent roman, ma curiosité avait été titillée et j’avais envie moi aussi de découvrir cette plume.

    Tangente vers l’est est un roman très court dans lequel une plume ample se déroule pourtant. 

    Au milieu de seize soldats en route vers l’Est, tous à l’image de leur uniforme, il y a Aliocha embarqué lui aussi certes mais qui n’a aucune envie ni d’en être, ni de s’assimiler au groupe. Et puis dans ce train, il y a aussi Hélène, la française fuyant un pays qu’elle n’aime pas, non comblée par l’amour qu’elle avait cru trouver. Au détour d’une cigarette, leurs destins vont se croiser et des liens ambigüs et contradictoires vont se nouer.

    C’est un très étrange roman, je trouve. D’un côté, je vais vous en faire l’éloge et de l’autre vous avouer que malgré tout je n’ai pas été embarquée. L’auteur parvient à créer en très peu de pages une histoire et des personnages fort denses. Elle parvient également à installer deux atmosphères, si je puis dire. Une oppressante à l’intérieur du train, avec ces militaires et surtout cet Aliocha qui m’a vraiment mise mal à l’aise tout du long. Et puis il y a la description de l’extérieur du train, cet impression de liberté et d’infini qui s’en dégage. Et puis ce roman, c’est aussi une plume très particulière. Maylis de Keragal écrit en se jouant de la syntaxe, au final. Si le style est maîtrisé de bout en bout, cette phrase qui s’étale à l’infini, utilisant à foison le discours indirect libre, mêlant sans vergogne un style châtié à une très grande oralité, je dois reconnaître que cette plume a été pour moi un frein à  la lecture. Les personnages insaisissables, la syntaxe déroutante et l’extrême brièveté du roman m’ont laissée sur le quai alors que j’ai envie de dire que ce roman est de qualité. C’est un peu fou, au final.

 

    Je vous invite à lire les avis enthousiastes de Leiloona et Céleste mais également celui d’Un autre endroit, perplexe, comme moi.

    Livre qui s’inscrit dans la sélection du prix de Express