Yasmina Khadra fait partie de ces auteurs engagés qui vont au bout de leurs idées et qui se servent de leur statut d’écrivain pour faire passer un message et informer les lecteurs.
J’avais déjà lu L’attentat et Les hirondelles de Kaboul avec beaucoup d’émotion. Ces lectures m’avaient remuée et forcée à m’interroger sur l’opposition entre Orient et Occident. Les sirènes de Bagdad clôt la trilogie sur cette opposition et sur l’incompréhension entre ces deux versants du monde.
Voilà bien deux ans qu’il attendait dans ma PAL et voir qu’Orchidée et Jules se lançaient également dans cette lecture m’a donné la dernière petite impulsion pour en faire une priorité.
De quoi ça parle :
Le narrateur est un jeune homme qui habite dans un tout petit village irakien. Il pourrait mener une vie paisible si ce n’était la guerre et toutes les injustices qu’elle engendre. Tout d’abord, la bavure de soldats américains qui vont tuer le fils simplet de son voisin. Puis un jour, l’intrusion de soldats dans son propre foyer, malmenant sa famille. Et la vision de son pauvre père infirme jeté à même le sol, parties génitales à l’air va remplir le narrateur de haine. C’est un affront et une humiliation qu’il ne pourra supporter.
Il décide donc de se rendre à Bagdad afin de rentrer en contact avec des organisations armées et de se mettre au service de la vengeance. Car il pense que seul un acte de ce type va pouvoir lui permettre de laver son honneur.
Et il ira jusqu’au bout, ou presque, avant de s’apercevoir de la vacuité d’une telle démarche et de la violence aveugle que représente le terrorisme.
Ce que j’en ai pensé :
Khadra a encore signé un roman très fort, un roman choc. Il n’hésite pas à plonger son lecteur dans la conscience d’un apprenti terroriste. L’auteur ne cherche pas à défendre le terrorisme, bien au contraire. Toutefois, il permet de comprendre le cheminement voire l’errance qui peut conduire de jeunes gens à faire des choix aussi extrémistes. Les romans de cet auteur permettent de montrer que nul ne peut être manichéen dans ce débat. La simple distinction entre le gentil et le méchant serait bien réductrice.
Je dois avouer cependant que je l’ai moins aimé que les deux précédents. Le personnage n’a pas l’épaisseur de ceux des deux opus précédents et même si le sujet est très sensible, je n’ai pas été aussi touchée que j’ai pu l’être en lisant L’attentat par exemple, roman qui m’avait littéralement laissée pantelante.
Je suis ravie d’avoir lue ce roman et d’avoir enfin achevé cette trilogie. Et j’ai hâte de savoir ce que les filles en auront pensé.
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