Partager la publication "Les naufragés de l’Ile Tromelin d’Irène Frain"
Je trouve cette couverture très belle. Elle m’a fait rêver au premier coup d’oeil. Envie de voyage et d’aventure. Mais à bien à la regarder, elle offre d’emblée le côté tourmenté de l’histoire qui va se jouer sous nos yeux.
Dans cet ouvrage, Irène Frain prend le parti d’offrir une écriture à mi-chemin du documentaire et de la fiction. Et si cela a pu agacer certains lecteurs, cela m’a ravie. J’aime beaucoup lire les aventures de personnages fictionnels sur fond historique réel. D’ailleurs, Irène Frain va plus loin car nombre de ses personnages sont réels. Finalement, elle se contente de créer un liant, de combler les trous par ce qui a pu arriver, ce que les hommes ont pu ressentir.
L’histoire en quelques mots : en 1761, un navire répondant au nom de l’Utile fait naufrage sur les rives d’une île inhospitalière. A son bord des matelots mais aussi une cargaison d’esclaves. Noirs et Blancs vont devoir vivre ensemble. Un bateau sera construit mais faute de place les esclaves seront abandonnés sur l’île. Quinze ans plus tard, huit rescapés seront retrouvés.
Je dois avouer que j’ai eu un peu de mal à rentrer dans ce livre dont les premiers chapitres sont consacrés à une description minutieuse de l’île et à son histoire. Toutefois, ces pages se justifient pleinement car elles permettent de comprendre il a pu être difficile pour des hommes de survivre sur un petit morceau de terre dont même les tortues s’échappent.
Le récit du naufrage est un moment fort et poignant de ce livre, on partage réellement l’angoisse des protagonistes de cette histoire.
L’histoire de ces destins échoués est très forte, et les personnages hauts en couleur. Le personnage de Castillan m’a beaucoup touchée car il est l’incarnation faite homme du courage. Il va réussir à fédérer les hommes afin de quitter l’île. Malgré son choix certes contestable de laisser les esclaves sur l’île, il n’aura de cesse de chercher des moyens de revenir les chercher, essuyant le mépris général. J’ai aussi beaucoup aimé l’Homme-qui-tisse-les-Histoires qui assume d’ailleurs une partie du récit et donne le point de vue des esclaves.
J’ai pu lire ici et là des lecteurs choqués par l’abandon des esclaves, mais il ne faut pas faire de lecture anachronique de ce roman. L’injustice avec laquelle les Noirs y sont traités est malheureusement monnaie courante à cette époque. Et même l’abolition de l’esclavage ne sera qu’un premier pas dans un long processus (pas encore achevé d’ailleurs) d’égalité. Toutefois, on voit comment cette expérience a permis à certains hommes de s’apercevoir de leur erreur de jugement et de reconnaître l’humanité de ceux qu’il a été plus facile de considérer comme de la marchandise.
Je vous conseille d’aller visiter la page consacrée à ce roman par l’éditeur et d’y voir les photos de l’île. D’autres avis fleurissent également sur la toile notamment chez Leiloona, Hathaway, Lou, Gangoueus
Je tiens à remercier les Editions Lafon et Suzanne de Chez les filles de m’avoir permis cette découverte.
Etrange: on ne peut pas lire le texte des commentaires (en tout cas depuis le navigateur Safari de mon MacBook Air!). Première fois que je vois ça sur un blog… Certes, certaines blogueuses ont supprimé leur blogspot, mais tout de même…?
Bref, un mot pour dire que le livre d’Irène Frain avait attiré l’attention du grand public sur cette histoire peu connue (immense mérite!), mais que d’autres ouvrages sont parus depuis sur le même sujet… Personnellement, c’est une bande dessinée mêlant fiction (à l’époque) et témoignage sur une campagne archéologique sur Tromelin (de nos jours) qui m’a davantage intéressé que le roman d’I.F.
(s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola