Le singe de Hartlepool – Lupano et Moreau

     Là où quasi toute la blogosphère s’est unanimement extasiée, je dois avouer que je suis restée en retrait. Je ne saurais vous dire

pourquoi puisque les indéniables qualités de cette bande dessinée me sont clairement apparues. Un sentiment de malaise sans doute…

    Tout démarre avec le naufrage d’un navire français sur les côtes anglaises. A son bord, il y avait un enfant que l’on avait condamné à être jeté par dessus bord mais également un chimpanzé affublé d’un tricorne. Ce sont les deux seuls rescapés. Les habitants de Hartlepool, découvrant le singe, sont tellement ravis d’avoir mis la main sur un français qu’ils ne s’aperçoivent pas de leur méprise et que l’homme arrêté n’est en fait qu’un animal. Ignorance et rage vont mener à une mascarade de procès et à la pendaison de l’animal. Le petit garçon, lui, passe totalement inaperçu.

    Cette BD, inspirée d’une légende anglaise, traite à merveille le thème du racisme, de l’intolérance et donc de la bêtise humaine. Les dessins sont très beaux, la palette des couleurs rendant bien l’ambiance de l’époque. Le singe est d’ailleurs particulièrement expressif, contrebalançant donc son incapacité à parler – silence qui rend d’ailleurs perplexe ceux qui l’ont torturé à l’extrême… Au final, les plus intelligents dans cette histoire sont les enfants ; une petite fille d’ailleurs essayant de faire voir la réalité aux autres, persistant dans leur aveuglement. 

     Un personnage m’a considérablement agacée, c’est celui de l’ancien soldat qui a perdu ses jambes et se déplace sur un chariot. Il est la caricature et l’incarnation de la haine de l’autre. Certes c’est un personnage qui tient son rôle à la perfection mais j’étais quasi ravie quand il est enfin mort…

    Comme Hérisson, j’ai eu du mal à m’y mettre, interrompant ma lecture, ne parvenant pas à me faire à l’idée que l’espèce humaine pouvait pousser la bêtise jusqu’à ce point. Par contre, je n’ai pas eu envie de la relire ensuite. Peut-être aurais-je dû…

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