Je découvrais la littérature haïtienne il y a quelques semaines avec Rodney St Eloi sous forme d’un témoignage sur le tremblement de terre qui a ravagé cette île il y a peu. Cette fois, c’est dans un magnifique roman que je me suis plongée un après-midi durant.
Hérodiane est orpheline et vit avec son frère Estevel dans un bidonville accroché à Port-au-Prince : Paradi. La misère est leur lot quotidien depuis l’enfance. Malgré tout Estevel fait de son mieux pour que sa soeur ne soit pas contrainte à se prostituer. Il tâche de se procurer assez d’argent pour qu’Hérodiane puisse aller à l’école et cultiver notamment son amour des livres.
Toutefois, dans ces livres, elle a conçu l’idée folle qu’un jour un prince charmant à la peau claire s’éprendrait de sa jolie peau noire. Ainsi le jour où Yvan le mulâtre débarque dans sa vie, elle croit son rêve se réaliser. Mais le prince est tout sauf charmant et on n’échappe pas ainsi aux préjugés.
Il faut le dire sans détour, c’est un roman à lire. Gary Victor a la plume qui vous emporte et ne vous laisse pas relâcher un livre. Dès les premières phrases, j’ai su que le style d’une grande poésie allait m’emporter jusqu’au bout du livre. Un phrasé poétique qui aide à dire et à faire un peu mieux couler la dure réalité des gens en Haïti et ici, plus particulièrement celui des jeunes filles. Et puis le roman est imprégné de l’imaginaire des îles puisque le frère de la jeune fille semble avoir une relation fusionnelle avec la mer et que certaines scènes relèvent complètement du merveilleux, des croyances magiques des gens de la Caraïbe. J’ai aimé lire quelques phrases en créole haïtien que j’ignorais aussi proche du créole des petites Antilles.
L’histoire de cette jeune fille m’a simplement bouleversée et la plume de l’auteur tout simplement enchantée. Un roman dur et poétique à la fois dont je vous conseille vraiment la lecture.
Merci à et aux Editions Vents d’Ailleurs pour ce très beau partenariat.
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