Eh oui, il est tard ! Eh non, je n’ai pas oublié de pointer au rdv mensuel. Mais ce mois-ci, j’ai eu envie de vous présenter deux
titres et je dois reconnaître que l’un d’entre eux m’a donné du fil à retordre, tant j’ai eu du mal à le terminer. Mais je ne voulais pas aller juqu’au bout, soucieuse de savoir jusqu’à quel stade l’auteur était capable d’aller… et j’en ai eu pour ma patience… Je vais donc commencer par vous parler de celui-ci.
Dans Délivre-moi de Julie Kenner, pas de surprise… Nikki l’héroïne, en plus d’avoir un sobriquet crétin, est aussi crétine que ses copines Eva et Ana. Et bien évidemment, elle tombe sous le charme de Damien, richissime homme d’affaires, ancien tennisman. Avec un scénario pareil, pensez bien que l’auteur se doutait que personne d’autre n’allait avoir une idée aussi originale… Damien, comme ses potes des romans du même genre, est un homme dominateur au passé douloureux. Si, si, très douloureux… mais j’y reviendrai, je ne voudrai pas spoiler les 2,3 lecteurs qui pourraient encore avoir envie de se taper cette daube après mon billet. Donc, Nikki, elle, ne joue pas de violon… mais Damien va lui proposer, accrochez-vous bien, un million de dollars pour avoir un tableau d’elle. Hannnnnn ! ça tombe bien car elle a un besoin très secret de cet argent pour réaliser un projet qui lui tient à coeur. Dès leur rencontre, elle est troublée, elle le désire mais elle pressent déjà que cet homme est dangereux. D’ailleurs, tout le monde le lui dit. Mais, mue uniquement par son clitoris, Nikki entend bien se faire trousser avant la page 58 du roman. Eh bien, elle va devoir attendre et nous aussi. Elle va surtout beaucoup se toucher et répandre ses fluides un peu partout (notamment sur la banquette en cuir d’une limousine… la grande classe, reconnaissez). Dans ce roman, ça se touche donc beaucoup mais surtout, mon Dieu, qu’est-ce que ça parle… Et les dialogues de ce roman sont bien la prose la plus ridicule qu’il m’ait été donnée de lire après les élucubrations de mes élèves chassant le lion et le crocodile dans les forêts de l’Essonne, c’est vous dire le niveau… D’ailleurs, à un moment, Damien croit bon de préciser : » Je suis très futé, vous savez… » Ben ouais, ça ne sautait pas aux yeux, non plus… Remarquez, il la prévient à chaque fois qu’il va l’embrasser ou la pénétrer… Ceci dit, quand elle déclame : » Eh oui, je suis sexy et indestructible », on est conscient d’avoir atteint le fond… et pas celui de sa culotte.
Pourquoi vous n’êtes pas vraiment pas obligés de perdre votre temps à lire ce roman ?
- Vous avez déjà lu les autres et vous avez peur de perdre à jamais votre libido…
- Damien est un séduteur hors-pair et voici comment il compte exciter sa partenaire : » Je vais vous baiser, Nikki, et quand nous jouirons, nous jouirons si fort que notre plaisir crèvera le plafond » Alors, on était déjà toutes grimpées au rideau (enfin, je vous le souhaite), mais rêvions toutes de rencontrer celui capable de nous faire crever un plafond…
- Damien est un type malsain qui entend gérer la vie de Nikki, de A à Z. Il lui dit quoi porter, où travailler, la force à se rendre où il le désire… Il lui propose même une somme astronomique pour la faire peindre mais aussi pour qu’elle lui appartienne pendant une semaine, corps et âme. Alors, là, je dis PUTAIN, dans quel monde vivons-nous pour que cela puisse exciter quiconque de devenir la pute de luxe d’un taré… Ah si, pardonnez-moi, on en voit plein les magazines et les journaux à scandales.
- Les deux personnages principaux ont un passé tellement tordu qu’on n’y croit pas un instant. La pauvre Nikki, après avoir été manipulée par une mère qui voulait faire d’elle un top model, a vu sa soeur se suicider, s’est scarifiée les cuisses (la scène où Damien découvre ça est d’ailleurs culte…). Damien a été l’objet d’un père voulant en faire un sportif de haut niveau (la scène de rébellion à 9 ans est culte elle aussi), il a perdu une de ses maîtresses, morte dans des conditions troublantes (j’aurais pu en rire…), est la proie d’un maître-chanteur et a sans doute été victime dans son enfance d’abus sexuel, expliquant que c’est un pauvre détraqué être meurtri.
- Le texte est aussi bon que la copie d’un élève de 12 ans découvrant sa première érection… Pour exemple : « Il expulse sa semence en moi » (ben ouais, il savait pas quoi en faire…), « Après avoir été carbonisée par le contact de Damien Stark, je renaîtrai alors de mes cendres, tel le phénix. » (tant de culture me ferait presque mouiller ma culotte…). Et les phrases clichés fleurissent un peu partout, alternant avec des phrases d’une vulgarité mal venue, vulgarité qui ne s’assume pas puisqu’on y rajoute aussitôt des petits mots doux… D’ailleurs, c’est quand il lui avoue enfin son amour (drôle de vision de ce sentiment d’ailleurs) qu’elle lui offre enfin son anus…
- Vous trouverez sans doute mieux à faire avec vos 16.95 euros.
Voici mon coup de gueule du jour !! Arrêtez de prendre les lectrices pour des crétines de base en leur faisant croire que le sexe c’est ça… Et de mélanger bêtement sexe et sentiment… Le sexe, ce n’est pas sale… Et l’amour, j’ose croire que ce n’est pas ça non plus…En admettant vraiment que la sexualité du commun des mortels se réduise à ça, il est temps dans ce cas que la littérature qui se veut érotique devienne vraiment excitante et véhicule enfin des choses émoustillantes et si possible avec un scénario qui tienne la route. Pas besoin d’un multi-milliardaire pour crever le plafond, hein… Sincèrement, je suis affligée de voir le succès de ces bouquins. Je pense qu’avec un échantillon de quatre romans trônant sur les tables des supermarchés du livre, je peux me permettre d’avoir un aperçu de la misère de ce qui est proposé, tant littéraire qu’érotique. Il est fort probable que cela soit le reflet d’un malaise de la gent féminine, ceci dit. Mais on pourrait en débattre pendant des heures… Désormais après « Délivre-moi » et « Dévoile-moi », j’attends la sortie d’un « Déglingue-moi » qui tiendrait enfin ses promesses… Quand on pense que ces romans sont écrits par des femmes, en plus… bon j’ai dit que je me taisais…
A côté de ça, j’ai eu l’opportunité de lire quelques jours avant sa sortie en librairie, la réédition d’un texte qui a fait fureur et a même fait l’objet d’une série : Journal d’une call-girl de Belle de Jour. Ce journal est réellement celui d’une jeune femme qui pour se débrouiller et subsister à Londres, a choisi de faire le commerce de son corps. Jour après jour, on la suit dans le récit de son « travail », les différentes rencontres avec des clients, mais également dans sa vie amoureuse, dans tout ce qui touche à son quotidien. Si l’on excepte le genre du journal que je n’apprécie pas forcément, je dois dire que j’ai trouvé ce roman très intéressant. Pas excitant certes, car au final ce n’est pas le but recherché, mais vraiment plaisant à lire. Non seulement, on rentre de plein pied dans la vie de cette call-girl et de ce que doivent se résoudre à faire certaines jeunes femmes pour payer leurs études, mais en plus le récit est mené avec beaucoup de légèreté et d’humour. L’ironie et le second degré de cette femme m’ont faite jubiler à de nombreuses reprises. Alors, je ne qualifierai pas ce journal de livre du siècle mais je dois reconnaître qu’il a le mérite de tenir ses promesses : faire passer un bon moment à ses lecteurs.
Et par chez vous, qu’a-t-on osé ce mois-ci ? Sandrine déshabille la mariée, Jérôme et Noukette ont
découvert Gidéon ensemble, Cess et Mlle Pointillés nous disent tout sur la sexualité avec un bonhomme de neige, si si… Canel partage avec nous une chouette vidéo, hi hi.. L’Irrégulière n’a pas non plus été séduite par la conduite de Damien… Marion nous propose un autre titre du même cru que le premier présenté ici, Sarah a lâché Christian comme une vieille cravate, Lucie a elle aussi aimé le journal d’une call-girl et Moka a déniché un coup de coeur. Chez Unwalkers aussi, on a aimé la call-girl 🙂
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