Partager la publication "Le premier mardi, c’est permis (18) – Cinquante nuances de Grey d’EL James"
Pensez bien qu’en ce nouveau mardi, je ne pouvais pas ignorer le livre qui fait parler de lui et semble déchaîner les passions : Cinquante nuances de Grey d’EL James. Il y a celles qui se pâment pour Grey, celles qui trouvent que tout ça c’est beaucoup de bruit pour rien. Et il y a surtout celles qui s’écharpent sur la qualité de ce roman. J’aimerais d’ailleurs connaître des avis de messieurs… il y en a quand même quelques-uns pour avoir envie de le lire, non ?
Merci aux Editions JC Lattès pour l’envoi en espérant qu’après cet article, nous ne serons pas fâchés à vie…
Alors, dans l’hypothèse où vous vivriez dans une grotte, je vais résumer l’intrigue en quelques mots. Anastasia Steele a bientôt 22 ans et va faire une interview à la place de son amie Kate qui est malade. C’est là qu’elle va donc faire la connaissance du ténébreux Christian Grey… Il faut dire qu’en tombant à quatre pattes devant lui lors de la première rencontre, elle provoqua le destin… Car Christian va en avoir après ses fesses une bonne partie du roman. Mais ce qu’il va vouloir faire subir à ces fesses n’est pas toujours du meilleur goût. En effet, Christian va très vite vouloir qu’elle signe un contrat afin de lui infliger tous les jeux sados-masos dont il raffolle. Le souci, c’est qu’Ana est vierge et que c’est une manière assez surprenante de commencer sa vie sexuelle.
Avant de me faire hurler dessus par des harpies en furie, je tiens à dire que j’adore les romans du style Passion intense, ces romans au scénario insipide mais que je ne lis que d’une main tant les scènes érotiques parlent à mon imaginaire. Quand je lis un roman estampillé érotique, je ne le fais pas dans un but littéraire (quoique je lirais bien un truc sexy pas écrit à la truelle pour une fois…) mais uniquement dans le but de me détendre si vous voyez ce que je veux dire…
Alors passons un peu ce roman à la moulinette. Tout d’abord, j’ai eu beaucoup de mal à le terminer malgré l’extrême simplicité du style. Pourquoi l’avoir fini ? Juste pour pouvoir me permettre de donner mon avis en toute connaissance de cause.
Alors mon avis, tout personnel et subjectif, le voici : ce roman est mauvais. Pourquoi ? C’est écrit (traduit ?) à la truelle, les personnages n’ont créé aucune empathie chez moi (sauf peut-être Ana dans les dix dernières pages), le scénario est insipide, les scènes de cul plates voire légèrement improbables (j’y reviendrai) et question SM, franchement je suis déçue (si je ne suis pas attirée par ce genre de pratiques, j’espérais au moins lire quelque chose qui m’en donne un aperçu).
Commençons par ce qui m’a le plus gênée dans ce bouquin : ce que j’appellerais les tics de langage. Ana Steele est une pucelle qui a un langage de charretier… L’entendre éructer des « putain », « bordel de merde » et autres joyeusetés à longueur de bouquin… Pour une étudiante en lettres, elle manque de vocabulaire. N’allez pas croire que je sois choquée, mais la vulgarité bien utilisée est drôle ou excitante, mais là… elle n’est que platitude. Ensuite, Christian l’appelle « bébé » de bout en bout… qui en France, dit encore ça aujourd’hui, hein ? Même Patrick Swayze – RIP – ne l’a plus dit depuis Dirty Dancing… Perso, à chaque bébé, j’ai vu Grey à poil avec des santiags et un chapeau de cow-boy (Johnny Halliday, sors de ma tête, eurk)… oui, je sais, moi aussi je dois avoir des problèmes quelque part… Ensuite, il aurait été intéressant de compter le nombre de fois où elle se mord la lèvre et où il lui demande d’arrêter… Je valide d’ailleurs car si lui, a envie de la baiser à chaque fois (Dieu que l’homme est émotif), moi ce serait plutôt de la gifler. Serais-je en train de virer SM ? Et pour finir, cette manière d’appeler Dieu sans arrêt est vraiment pénible… Dieu est occupé, merci de ne pas le déranger ainsi à chaque orgasme… Et le coup de la déesse intérieure ? En français dans le texte… ça ne colle pas. D’ailleurs, celle-ci aussi, je la gifle au passage…
Ce roman semble vouloir se fondre dans les codes de la romance (si je résume mal, fouettez-moi) et mêle de manière malhabile ce qui touche au sexe et aux sentiments. Selon moi, une grossière erreur du roman est d’avoir choisi une héroïne vierge. Je peine à croire que ce genre de pratique soit facile à envisager pour une nana qui découvre le sexe. Je sais que les héros américains les aiment vierges et étroites, mais là, tout de même… Personnellement, impossible de créer la moindre identification avec une si jeune fille, vierge de surcroît. Le personnage masculin est assez jeune lui aussi. Il leur aurait fallu une bonne dizaine d’années de plus pour avoir une chance de m’émoustiller. Dois-je avouer que les sentir tomber amoureux si vite m’a profondément agacée. Pas que je trouve que sexe et amour soient indissociables, mais je n’aime pas ce que sous-tend ce genre de romans qui se prétend érotique et qui pourtant ne peut s’empêcher de baigner dans un puritanisme sous-jacent. On baise comme des bêtes, oui mais on s’aime et on va se marier… Car au final, j’imagine déjà l’issue de cette trilogie…
Ouh la, je m’aperçois que je pourrais en écrire des pages et des pages… Parlons des scènes torrides, enfin torrides… Tout d’abord, il faut attendre presque 150 pages pour la première vraie scène. Ben ouais, elle est vierge… Mais du coup, que le temps fut long. Il faut savoir tout d’abord que les scènes ne sont que vaguement décrites, rien de bien précis, ni de bien sexy… Ensuite, tenez-vous bien, Ana (qui sait à peine où se trouve son clitoris) réussit l’exploit d’une fellation divine du premier coup. Alors qu’elle ignore tout de l’anatomie d’un homme. Et en plus, elle parvient sans haut-le-coeur l’expérience de la gorge profonde. Ah la littérature… Sachez d’ailleurs que ce qui fait jouir Christian c’est de voir les dents de sa belle à ce moment-là… OMG, si un homme passe par là (et a eu le courage de lire ce billet jusqu’au bout), je lui serai éternellement reconnaissante – et dévouée – de m’expliquer (non, je n’ai pas dit que je me laisserais attacher).
Autre chose pénible aussi : cette manière qu’il a de toujours la menacer et de lui promettre une fessée. Je peux comprendre les jeux de soumission dans le cadre du sexe. Mais cette manière de toujours la menacer m’a fait froid dans le dos. De la même manière, il a un rapport à la nourriture et au corps hyper flippants. Ce type est, pour moi, surtout quelqu’un qui a besoin d’un bon suivi psychiatrique…Où s’arrête le jeu et où commence la maltraitance ? En bref, attention SPOILER, il faut plus de 500 pages à Ana pour arrêter d’être conne et faire la seule chose intelligente : se casser…
Ceux qui ont lu comprendront, je ne spoile pas les autres (ce bouquin reposant sur son intrigue…), je vais vous livrer mes scènes et répliques cultes :
* l’arrivée de la mère de Grey au début du roman
* la visite de la gynéco à domicile
* quand il lui retire son tampon hygiénique (amis de la poésie et de l’hygiène…)
* « Comment peut-on être aussi beau sans que ce soit illégal ? » (Je ne sais pas, moi, je prends des amendes chaque jour, tant je suis sexy, ahum…)
* « Je lèche ma sucette préférée : celle au parfum Grey » (OMG)
Lisez aussi l’article d’Evene qui vous livre de merveilleuses citations : CLIC
Néanmoins, je sais que beaucoup de lecteurs ont adoré (Leiloona, je t’aime ma prépubère préférée) et je respecte. Je dois avoir une sexualité bien trop débridée pour ne pas avoir frémi une seule fois… Je sais aussi que plein d’entre vous rêvent de le posséder (le texte, pas Grey), alors je vais essayer de vous contenter à mon tour !
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Et vous qu’avez-vous osé ce mois-ci ? Jérôme fouine en brocante au risque de trouver des pages collées, Cécile fait dans le débouchage de canalisations, Evy souhaitait explorer les dessous d’un kilt, Paradiseandco découvre un autre roman SM que le mien, Patacaisse a trouvé de quoi réchauffer novembre, Neph a fait la connaissance de Gidéon, le feu est chez Sarah, Noukette et Sara sont aussi peu convaincues que moi par Christian Grey.
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