Zola est de loin mon auteur préféré. Véritablement découvert au lycée grâce à une prof de français qui a eu l’idée lumineuse de nous faire étudier le roman dont je vais vous parler aujourd’hui. J’ai lu l’intégralité des Rougon-Macquart, dans l’ordre; mais aussi les deux cycles écrits après Les Trois villes et les Quatre Evangiles (inachevé car l’auteur est mort pendant l’écriture du quatrième).
Voilà des années que je me disais qu’il fallait que je refasse la lecture des Rougon-Macquart dans l’ordre, une lecture adulte. A force d’en parler autour de moi, j’ai réussi à déclencher l’envie de Cuné qui les dévore les uns après les autres.
Et puis récemment, le challenge de Moka a été le déclencheur. Et j’ai réussi à embarquer Pimprenelle derrière moi. C’est donc l’occasion d’en faire notre LECTURE DU DIMANCHE.
Ce premier roman est celui qui sert à Zola à poser son projet : l’histoire d’une famille et l’étude de l’hérédité.
Adélaïde Fouque est une femme tourmentée et fragile, que des crises violentes laissent souvent pantelantes. Elle va connaître deux hommes. Rougon dont elle aura un fils, Pierre. Et le braconnier Macquart sont elle aura deux enfants Antoine et Ursule. Dès cette première branche de l’arbre généalogique, chacun dès enfants montre des signes très clairs d’héritage génétique.
Rougon est légitime, les Macquart ne le sont pas. Et de ce premier postulat commence une longue lignée de déchirements et de haine. Pierre Rougon et sa femme Félicité rêvent de pouvoir et oeuvrent pour se hisser à un niveau supérieur, ne rechignant devant aucune bassesse. Antoine Macquart, lui, vit sur sa paresse, exploitant épouse et enfants, et sur la rancoeur qu’il nourrit à l’égard de ce frère qui lui a tout pris.
Au milieu de ces haines, il y a Miette et Silvère, les deux jeunes amoureux qui vont se retrouver embarqués par des intérêts qui les dépassent, emportés par la fougue de la jeunesse.
Je pourrais parler pendant des heures de mon amour pour ce romancier et du délice que fut cette relecture.
Je sais que ce qui retient bon nombre de lecteurs ce sont les longues descriptions chez Zola. Mais quelle langue, quelle puissance, quelle recherche de mots ciselés et parfaitement choisis. Les portraits des personnages sont savoureux. Je me suis aperçue que certains passages descriptifs, concernant Félicité et son salon jaune avaient été gardés de manière très précise par ma mémoire.
L’histoire de Miette et Silvère m’a encore une fois retournée et touchée. Cette enfant déjà femme et ce jeune homme naïf, tous deux jetés dans la méchanceté et la bassesse du monde. Ah Miette m’a émue comme peu d’héroïnes de roman. Et bien que je sache quelle serait l’issue de leur histoire, j’ai encore pleuré devant l’événement.
Ce premier roman pose vraiment toutes les bases de la saga. Pour les avoir déjà tous lus, j’ai vraiment aimé repartir à la source et que ma mémoire confronte la rencontre de chacun de ses personnages avec le souvenir de chacun des romans dont l’un d’entre eux sera le personnage principal. Il me tarde donc de retrouver Pierre et Félicité dans La conquête de Plassans, Aristide dans la Curée et l‘Argent, Gervaise dans l’Assommoir et Pascal dans le roman final qu’est Le Docteur Pascal.
Alors, oui, chaque roman peut se lire indépendamment. Mais je persiste à dire qu’à ne pas les lire dans l’ordre, à ne pas respecter le projet de l’auteur, on perd une bonne partie de la saveur. Alors, le mois prochain, avec Pimprenelle qui rempile, nous vous parlerons de La Curée.
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