Cette semaine, un extrait d’une magnifique lecture, encore.
La grand-mère de Jade de Frédérique Deghelt.
Avis de lecture d’ici la fin de semaine.
» Je ne suis qu’une lectrice parmi d’autres qui trouveraient peut-être à leur goût les écrits de ma petite-fille. Est-ce que je ne serais pas devenue trop exigeante ? Ou alors j’aurais évolué au fil des livres, va savoir ? J’ai parfois abandonné une lecture qui s’est poursuivie avec bonheur quelques années plus tard. Et que dire de mes premiers romans presque ânonnés sur le coin de la table avec la certitude qu’une fluidité allait venir et que je tenais là un infime morceau de l’univers ? Il s’est produit quelque chose qui a grandi, qui de livre en livre s’est mis à accaparer mes yeux, mon souvenir et et toutes les parties de mon corps. Je me souviens d’avoir été fascinée par le miracle des bons livres qui arrivaient au bon moment de la vie. Ceux qui parfois tombaient des étagères pour venir répondre à des questions que me posait l’existence. J’ai récupéré ainsi la patience à une époque où je serais partie dans l’exaspération, découvert les vertus de l’amour rêvé, abandonné le voyage à d’autres vies, rangé le meurtre au rayon de l’impossible. J’ai tout vécu, mille ans et je le dois aux livres. »
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