Mon avis sur Ouragan, le dernier roman de Laurent Gaudé, sera en ligne le 26 août. Histoire de vous faire patienter, voici un passage qui m’a interpelée.
» Il n’y a que la couleur dans ce pays. Le sexe et l’âge ne comptent pas. Quand les Blancs me voient dans la rue, ils ne voient pas une vieille dame, ils voient d’abord un corps noir, un visage noir, des mains noires, puis ils cherchent les traces d’un âge, ou d’un sexe pour identifier l’être qu’ils croisent. Je suis noire d’abord. Honte Steelson, oui, parce que ceux que je vois ici sont noirs et pauvres. Les nègres s’entassent les uns sur les autres, comme toujours. Je vois le capharnaüm du monde, la bouche sale de la pauvreté et je reconnais tout cela, nom de dieu, parce que je le connais pas coeur. Rien n’a changé. Des nègres sans rien, qui lèvent les yeux au ciel pour implorer la pitié, c’est toujours ainsi que souffre le monde. »
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