Pour continuer à suivre la bonne idée de Chiffonnette, voilà mon choix de ce jeudi. Une citation extraite de la pièce de théâtre que je pense être ma préférée : Bérénice de Jean Racine.
J’ai mis en gras, d’ailleurs, la partie de cette réplique qui me touche le plus. Jeune fille, elle m’a beaucoup faite pleurer. Bon maintenant, je suis grande hein… et insensible, tout le monde le sait…
» Eh bien ! régnez, cruel, contentez votre gloire :
Je ne dispute plus. J’attendais, pour vous croire,
Que cette même bouche, après mille serments
D’un amour qui devait unir tous nos moments,
Cette bouche, à mes yeux s’avouant infidèle,
M’ordonnât elle-même une absence éternelle.
Moi-même j’ai voulu vous entendre en ce lieu.
Je n’écoute plus rien, et pour jamais : adieu…
Pour jamais ! Ah, Seigneur ! songez-vous en vous-même
Combien ce mot cruel est affreux quand on aime ?
Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,
Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ?
Que le jour recommence et que le jour finisse,
Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice,
Sans que de tout le jour je puisse voir Titus ?
Mais quelle est mon erreur, et que de soins perdus !
L’ingrat, de mon départ consolé par avance,
Daignera-t-il compter les jours de mon absence ?
Ces jours si longs pour moi lui sembleront trop courts. »
Bérénice, Acte IV, scène 5 (1670)
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