Partager la publication "Histoire de mes assassins de Tarun J Tejpal"
Voici aujourd’hui un des cinq romans en compétition dans le cadre du prix des « Chroniques de la rentrée littéraire » dans la catégorie Romans étrangers.
Je vais donc vous parler de cette lecture qui m’a occupée de nombreuses heures tout en tâchant de rester objective et de ne pas livrer mon opinion de manière trop précise puisqu’il nous est demandé de garder le suspense jusqu’au jour de la révélation des lauréats.
Un journaliste indien a échappé comme par miracle à un complot fomenté contre lui. En effet, cinq hommes, bandits de la pire espèce avaient été chargés de l’assassiner. Placé sous surveillance judiciaire, le narrateur va s’interroger sur l’identite de ces cinq hommes et sur ce qui a bien pu les motiver à tenter de le tuer. Non seulement, il n’a jamais vu ces hommes mais en plus il ignore réellement qui peut lui en vouloir au point d’envoyer après lui cinq tueurs plus terrifiants les uns que les autres.
Le roman va alterner ce récit avec celui des histoires de ces cinq hommes, de ces cinq destins. Et on va y découvrir tout ce que l’Inde produit de plus sombre.
Chaku manie le couteau comme personne car on lui a appris toute la noblesse qu’il pouvait y avoir à le manier mais aussi la précision des blessures qu’il permettait d’infliger, au contraire du revolver. Après des années d’humiliation, son couteau va enfin s’enfoncer dans la chair et pousser Chaku à fuir. Le début d’une vie de crimes…
Kabir est musulman, chose que son père a tenté de cacher autant qu’il le pouvait suite aux violences et aux humiliations que la vie avait pu lui infliger. Kabir va décevoir tous les espoirs que son père avait placés en lui pour devenir un simple petit vaurien. Mais arrêté un soir par erreur, son sexe circoncis va lui valoir la fureur de la police et sera tellement torturé qu’il ne lui servira désormais plus qu’à uriner. Kabir ne sera désormais plus jamais le même.
Kalya et Chini sont devenus inséparables. Complices de vols et de magouilles, ils font partie de ces bandits que l’on trouve sur les quais des gares. Mais leurs vies ne leur appartiennent pas, leurs corps non plus… Ils ne sont finalement que les déchets rejetés par une société qui les broie. Alors quand ils vont penser qu’une vrai mission s’offre enfin à eux, ils n’hésiteront pas.
Hathoda Tyagi est littéralement effrayant, il fait du « curry de cervelles ». Sa particularité est tuer au marteau. Non pas parce que c’est une technique réfléchie à la base. mais parce que c’est le premier objet qu’il a trouvé pour châtier les violeurs de ses soeurs. Et depuis le goût est resté. Et il va rentrer au service d’un dangereux redresseur de torts…
Ce roman est violent certes. Mais la violence n’est à mon goût jamais gratuite. L’auteur brosse avec courage le portrait d’une Inde dévastée par une économie à deux vitesses. D’un côté, les très puissants et de l’autre, les oubliés de ce système. Et parmi ceux qui n’ont pour tout lot que la marginalité, rien ne compte d’autre que survivre.
Les cinq assassins sont finalement rendus attachants car malgré leur choix du banditisme et la cruauté extrême de certains, ils ne sont finalement que de pauvres hommes ayant vécu les pires horreurs, les pires humiliations. Et il est dnc juste de se demander si ces hommes ne sont finalement pas plutôt les victimes que les coupables.
Un roman dont, à mon avis, on ne ressort pas indemne ; un roman qu’on ne peut refermer sans se poser un nombre infini de questions.
Je vous invite à aller lire des articles qui fournissent leur avis : Loumano, Joël pour Biblioblog, Emeraude et Amanda.
Cette lecture me permet d’avancer dans le challenge de Levraoueg.
9/14
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