Parce que dans la vie, il n’y a pas que la rentrée littéraire, que par bonheur tous les premiers romans ne sont pas centrés sur leur nombril et que certains auteurs sont aussi charmants que talentueux, j’ai lu Gigante et cocktails de Bo Ekra.
Voilà un premier roman qui nous embarque à une vitesse folle dans le sillage de Gigante, tueuse à gages italienne. Et Gigante ne fait pas dans la dentelle, elle abat froidement chacun des contrats que lui refile Nicky, son employeuse. Gigante ne rêve toutefois que d’une chose : le jour où elle aura assez amassé pour tirer sa révérence.
Page après page, le lecteur suit donc la tueuse dans ses tribulations. Tribulations en effet car le roman porte son nom encore mieux qu’on ne le croirait puisquiil est lui-même un véritable cocktail, mélangeant sans crainte références, humour, sang, meurtres, amour, sexe ben pourquoi croyez-vous que je l’ai lu et passé douloureux. Mais le titre ne mentionne pas les cocktails pour cette raison-là. En effet, chaque chapitre démarre par une recette dont le nom donne l’orientation des pages qui vont suivre. Et cela donne une petite touche très savoureuse à ce roman, d’autant que chaque cocktail est suivi d’une petite citation du cru de l’auteur qui a la vertu de titiller la curiosité du lecteur.
Voilà un premier roman rudement bien troussé. Tout d’abord, vous ne vous ennuierez pas une seconde car la miss Gigante ne chôme pas et elle n’est d’ailleurs pas la seule. L’auteur nous offre également un autre personnnage de tueur à gages, Jésus le latino, qui est une caricature du genre à lui tout seul. N’allez pas penser que Bo Ekra a raté sa cible, non, il a l’art de créer des personnages dont il n’hésite pas à se moquer voire qui se moquent d’eux-même parfois, ce qui crée des degrés de lecture bien agréables. En effet, la dérision est palpable à de nombreux endroits du roman et on apprécie la manière de revisiter certains clichés avec une facilité feinte. L’épilogue en est d’ailleurs la parfaite illustration puisque notre Gigante rencontre un homme dans ce roman…
Mon seul bémol réside dans les dialogues dont certains ne m’ont pas convaincue alors que, par contre, j’ai aimé le style de l’auteur dans tout ce qui touche au récit. Il alterne de manière assez réussie des phrases amples à la syntaxe et au lexique ciselés avec des phrases « choc », abruptes et minimalistes, créant ainsi un décalage que j’ai apprécié.
** BONUS J’ai eu la chance de pouvoir harceler m’entretenir avec l’auteur et lui poser plein de questions sur le roman et sur son rapport à l’écriture en général. Comme je suis une piètre blogueuse, j’ai tellement pris plaisir à cette discussion que je n’ai noté qu’en substance le contenu de cet échange. C’est pourquoi, je ne vous livrerai ses paroles qu’à la troisième personne.
Sachez chers lecteurs que Bo Ekra vit au quotidien dans le monde des chiffres et qu’il a écrit ce roman un peu comme un pari. Il y a le goût des lettres mais également la curiosité de voir s’il est difficile de se faire éditer. Bo a mis environ une année à écrire ce livre. Après les conseils qu’il dit avisés d’une correctrice, il n’a fallu qu’environ trois mois à son roman pour se trouver édité et pour lui faire connaître la joie des dédicaces. Jeune prodige ? Quand vous l’écoutez répondre à cette question, vous vous trouvez désarmé devant la sincérité de l’auteur. En effet, Bo Ekra fait partie de cette poignée de gens qui pense que les choses sont simples, qu’il faut surtout oser et être au bon endroit et au bon moment. Il semble davantage croire en la facilité qu’en son talent et je n’y ai senti aucune fausse modestie, vraiment.
Quand je lui ai demandé ce qui avait motivé la présence de cocktails dans son roman alors que l’héroïne au contraire de la tenancière de ce blog n’a pas de penchant marqué pour la boisson, il m’a confié que c’est surtout à lui qu’il avait fait plaisir. Le procédé lui a semblé original et le titre de chaque cocktail est en fait le titre de chaque chapitre. Et oui, lecteurs assidus, l’auteur a testé tous ces cocktails. Alors, de toute évidence pas au fil de l’écriture car aucune incohérence n’est à signaler dans ces pages.
Et je dois aussi signaler à mes comparses du « premier mardi, c’est permis » que ce roman offre une scène hot très bien écrite et émoustillante. Une scène écrite à la manière d’un virtuose jouant à la fois du désir, des mots et des accords. J’ai bie évidemment demandé à Bo si cette scène avait été scientifiquemet vérifiée comme pour les cocktails. La réponse fait regretter de ne pas avoir d’incohérence à relever afin de de demader à l’auteur de procéder avec lui à quelques vérifications. Oui, je sais, je suis une vilaine fille mais vous le savez déjà, habitués de ce blog. Et si l’auteur l’ignorait, j’ose espérer qu’il me pardonnera.
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