Voilà un des titres de cette rentrée qui me faisait le plus envie. Et c’est grâce à Saxaoul qui en a fait un que j’ai pu m’offrir ce moment de plaisir intense. En effet, j’ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture que je qualifierais de feutrée, à l’image de cette femme qui ne peut plus articuler le moindre mot.
Un jour, sa fille Madeleine disparaît de l’école, sans raison. Elle va la rechercher et crier de tout son corps, de toute son âme. Elle finit par retrouver l’enfant, frigorifiée, de l’autre côté de la rivière. La petite fille est épuisée mais saine et sauve. Mais la peur a été si intense, le choc si violent que Clothilde ne peut plus parler.
Au départ, tout le monde comprend et patiente ; tout le monde vit dans l’attente des résultats des séances de rééducation avec la phoniatre. Et plus le temps passe, plus Clothilde aime cette absence de voix. Cependant, tout le monde s’impatiente autour d’elle : mari, père, enfants, meilleure amie. Mais alors que le souffle ne parvient pas à lui donner la parole, Clothilde se met à chanter d’une vois puissante et chaude. Alors pourquoi cette femme, qui ne peut articuler sans peiner la moindre phrase, arrive-t-elle à tirer de son chant des sons si puissants ?
Je suis certaine que de nombreux maris seraient heureux que leur femme se taise enfin, de nombreux enfants rêveraient que leur mère en fasse autant. Comme quoi, dans la vie, on n’est jamais satisfait…
Trêve de plaisanterie, Fugue est un roman très bien écrit, très touchant. Un roman qui pousse à s’interroger sur notre quotidien, sur les choix que l’on fait dans la vie mais également sur les liens réels que l’on entretient avec son entourage. Un roman sur le pouvoir du verbe, sur la prédominance des mots, sur ces gens qui se parlent sans vraiment se comprendre et sur ces silences qui en disent tant. Mais c’est aussi un beau roman sur les liens familiaux et la place à accorder à sa vie propre au milieu de sa vie de famille. Un beau texte qui pousse à réfléchir et qui va maintenant s’envoler chez Hathaway.
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