Voilà le premier roman qui fait parler de lui en ce moment, du genre qu’on envie de lire à force d’entendre piaffer les copines. Et là c’est souvent quitte ou double : soit on fait comme les autres et on adore, soit on se drape dans sa dignité en se demandant ce que les gens ont bien pu trouver à ces pages. Qu’en est-il pour moi ? Un peu de patience.
Ce roman est le récit d’une femme après une catastrophe. Pour une raison inconnue du lecteur (on nous mentionne juste une grande lumière), les habitants sont assignés à résidence ne recevant que sporadiquement du ravitaillement extérieur. Cette femme, donc est coincée dans la maison avec sa petite fille de quatre ans, sans aucune nouvelle de sa fille aînée ni de son conjoint. Il va lui falloir apprendre à surmonter ses craintes mais aussi la tentation de s’effondrer, tout cela pour maintenir un semblant de normalité aux yeux de la petite. Et dans la perspective qu’il puisse y avoir, si ce n’est un retour à l’avant, tout du moins un après.
Pour commencer, je voudrais remercier l’auteur de ce premier roman de ne pas avoir fait un récit de sa vie comme c’est la mode chez les jeunes romanciers en ce moment, ou du moins si elle y a pioché, elle a su en tirer autre chose qu’une confession plate et inintéressante. Je voudrais la remercier aussi d’avoir su écrire un roman court et incisif et de ne s’être pas sentie obligée de nous embarquer dans 700 pages, incapable de trier le grain de l’ivraie.
Ce roman vous prend à la gorge dès les premières lignes. Il faut dire que la situation est angoissante : être coincé avec son enfant, dans une situation post-apocalyptique, ignorant du monde extérieur et incapable de savoir si survie il y aura. Il y a un va et vient permanent entre le vécu des événements en cours et les souvenirs des temps heureux et définitivement perdus. J’ai adoré toute la réflexion sur notre société dans laquelle on ne prend plus le temps pour rien, en tout cas pas pour les choses essentielles. De nombreuses pensées sont d’une justesse aigüe.
J’ai aussi été touchée par le récit de cette femme, abusée dans sa confiance par un premier amour, père de son aînée et qui après quelques errances, peut enfin rencontrer un nouvel amour, parce qu’elle est prête et que cela peut donc se faire naturellement. Ces quelques lignes résonnent encore en moi.
J’ai eu plusieurs fois l’impression dans ce roman que les choses avaient été écrites pour moi et je trouve que c’est un sentiment vraiment fort quand l’auteur arrive à créer une telle connivence avec son lecteur. Et puis, pour finir, j’ai beaucoup aimé l’écriture, le balancement des phrases, le choix des mots qui n’hésite pas à l’occasion à les malmener un peu, jouer avec l’homophonie et proposer de belles images.
Ce livre est très triste et si la fin ne m’a pas arraché de larmes, c’est sans doute car je savais déjà que ce serait triste. Et ça l’est , beau et choquant à la fois. On referme les pages sans tout savoir, à peine plus que la narratrice… Un roman auquel je vais penser longtemps, c’est certain.
Un grand merci à ma Noukette qui a eu l’opportunité de le recevoir des éditions Dialogues et a eu la gentillesse du partage qui est à son image. Retrouvez également les avis de Clara, Canel, Cajou et Manu.
29 réflexions au sujet de “Enola game de Christel Diehl”