Allez savoir, j’accroche à peine à ce qu’il écrit pour les adultes alors que j’adore ce qu’il écrit pour la jeunesse. Et encore une fois,
je me suis régalée ! Voici le premier titre jeunesse que je vous présente pour cette rentrée et je vous assure que je l’ai vraiment aimé. Ouvert et lu d’une traite !
Quentin est un jeune lycéen qui passe son temps à faire tout ce qu’il peut pour pourrir la vie de tout le monde dans son bahut. Alors, à ses seize ans, son proviseur ne donne que deux choix à ses parents : soit ils l’inscrivent dans un autre lycée, soit c’est carrément la porte… à seize ans, on n’est plus obligé de scolariser Quentin.
C’est ainsi que le jeune garçon va passer du collège sensible de sa ville à un collège huppé où tous ses codes ne veulent plus rien dire. Houspillé dès le départ par sa prof de français, Quentin va avoir envie de donner le change. Il va même participer à l’atelier théâtre.
Comme dit quelques lignes plus haut, je me suis régalée de ce titre. L’auteur est prof, on le sent. Et de fait, il ne nous raconte pas n’importe quoi. Dès les premières lignes, on est emporté par le personnage de Quentin, qui est un écorché vif, qui vit comme il peut dans sa cité pourrie mais qui est un môme bien à l’intérieur. Un adolescent comme je les aime, moi, dans la ZEP où j’enseigne… Ces mômes qu’on sait être des perles, qui sont pleins de bonnes choses et qui n’ont qu’un besoin : qu’on le leur dise, qu’on les motive.
J’ai adoré le personnage de la prof de français : au premier abord, dure, sèche et intransigeante mais qui s’investit pour donner le meilleur à ses élèves et qui, surtout, tout en finesse, les connaît et les soutient. C’est exactement l’image que j’espère renvoyer à mes élèves… Donner le goût de l’effort par l’exigeance, mêlée de bienveillance. Et puis les joutes verbales entre ces deux personnages sont délicieuses. Quentin est intelligent, il ne lâche rien; elle non plus, d’ailleurs. Mention spéciale aux personnages secondaires, notamment à Heatcliff, que j’ai adoré.
Et puis c’est un roman très intéressant sur les différences entre les enfants issus de milieux différents, sur la possibilité ou non de s’intégrer dans un groupe qui n’a pas les mêmes codes que les siens. Là encore, on remercie l’auteur de sa lucidité. Il ne propose pas à ses lecteurs une version trop optimiste mais ne rentre pas non plus, à l’opposé, dans une diatribe contre les inégalités. Il raconte avec justesse et émotion le parcours d’un lycéen tel qu’on peut en rencontrer tous les jours. A la fin, tous ses problèmes ne sont pas réglés mais il a avancé, il a appris, il s’est ouvert à ceux qui l’entouraient. C’est juste ça, la vie !
Pour terminer, je dirai aussi que ce roman parle de théâtre et qu’il m’a furieusement donné envie de lire La ménagerie de verre de Tennessee Williams, que la prof fait jouer à ses élèves.
Un très beau roman à mettre dans les mains de tous les adolescents… et dans celles de tous les profs qui auraient oublié de voir ce qui se cache à l’intérieur de leurs élèves. Merci M. Blondel !
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