J’avais adoré Sukkwan Island et eu la chance immense d’assister à une rencontre avec l’auteur alors que son roman n’était qu’au tout début de son aventure française. Alors ce second roman, dont David Vann nous avait déjà un peu parlé, c’est LE titre de la rentrée que j’attendais avec une impatience non dissimulée.
Allez, un peu de pitch pour lancer ce billet. Alaska, au bord d’un lac glaciaire. Gary et Irène sont mariés depuis des années, leur fille Rhonda vit avec l’homme qu’elle souhaite épouser. Gary a l’envie profonde de se construire une cabane sur un tout petit îlot et d’y passer l’hiver avec Irène que cette perspective enchante déjà beaucoup moins. D’autant que depuis la dernière averse qui les a surpris, d’atroces migraines ne lui laissent aucun répit.
Autour d’eux gravitent d’autres personnages dont les destins sont imbriqués et dont le sort n’est pas toujours plus enviable. Rhoda est amoureuse de Jim, un dentiste de dix ans son aîné ; mais celui-ci désire Monique, une jeune touriste accompagnée de son nouveau petit ami, Carl. Et puis, il y a aussi Mark, le frère de Rhoda, et sa compagne Karen. Et tout ce petit monde est intimement lié à l’histoire centrale.
Ce second roman est admirablement réussi. Après avoir adoré un premier roman, on a forcément beaucoup d’attentes. Et je peux vous dire que le pari est réussi. J’étais inquiète car j’avais lu je ne sais où que ce roman était trop proche du premier. Personnellement, je ne trouve pas. Tout d’abord, ce roman comporte beaucoup plus de personnages avec chacun des problématiques différentes. Ensuite, la construction n’a rien à voir non plus, pas de grand renversement choquant en plein milieu du roman. Certes, on sent bien que l’auteur a des « marottes » : quelle idée d’aller vouloir vivre dans un endroit glacial et désert. Et puis, il y a un autre petit point commun aussi mais je ne vous en dis rien car ce serait vous gâcher la clôture du roman. Néanmoins, je peux vous garantir que si certaines choses semblent ancrées dans l’imaginaire de l’auteur, il ne m’a semblé à aucun moment que ce roman n’était qu’un pâle dérivé du premier. Bien au contraire, l’angoisse est perceptible dès le départ, la sensation de destin tragique vous étouffe page après page car on sent bien que rien ne va bien se terminer. Et les péripéties vécues par les personnages secondaires rajoutent une tension supplémentaire à la tournure que prend la relation entre Irène et Gary mais aussi à l’entêtement de ce dernier.
David Vann est de retour en France ces jours-ci pour rencontrer les lecteurs de son livre. Je croise secrètement les doigts pour en être une fois de plus.
L’avis de Pimprenelle dans la journée. Et comme tout change, notez bien que le rendez-vous de LA LECTURE DU DIMANCHE reviendra désormais un week-end sur deux.
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