Il y a des livres qui vous touchent, vous scotchent et que vous n’oublierez pas. Celui-ci en fait partie. Jedanb_ l’ai lu presque d’une traite il y a une petite semaine et je me suis surprise à en relire des passages hier soir.

 

Ce roman est particulier puisque c’est l’histoire d’Aya Cissoko à laquelle Marie Desplechin a prêté sa plume. 

 

    Le père d’Aya est malien et a tenté sa chance en France grâce aux papiers de son frère, venu y travailler avant lui. Il fait partie de cette génération qui a décidé d’installer sa famille en France. Et c’est ainsi que de son union avec Massiré, Issa, Aya, Massou et Moussa viennent au monde. Le début d’un conte de fées ? Non, bien au contraire. Mais ce qui caractérise ce récit, c’est la ligne de conduite que prône Massiré : le danbé. Ce mot malinké est à peu près l’équivalent de la dignité, en plus fort sans doute. Et c’est avec cette dignité qu’Aya nous livre son histoire, son parcours qui est teinté d’une volonté de fer. La jeune femme avance pas à pas, presque sans un mouvement de recul malgré les obstacles. Et c’est dans la boxe que cette volonté se perçoit peut-être le mieux puisque les championnats se succèdent, en boxe française d’abord puis, quand elle en a fait le tour, en boxe anglaise. Jamais de pathos dans ce livre, jamais d’atermoiement. Mais pas de rage non plus. Un témoignage, une façon bien à elle de se poser et de dire les choses, telles qu’elles sont avec un recul assez étonnant.

 

   aya_et_marie Jeudi soir a eu lieu une rencontre avec les deux auteurs dans un chaleureux café parisien et j’ai eu le plaisir extrême d’en être. Ce futt l’opportunité non seulement de faire dédicacer mon exemplaire mais aussi de pouvoir s’entretenir avec Marie et Aya.

    Tout d’abord, elles nous ont parlé de cette volonté d’écrire ensemble et du pacte entendant que rien ne paraitrait qui ne soit totalement conforme aux souhaits des deux parties. Aya Cissoko avait donc déjà écrit un texte qui a servi de départ à Marie Desplechin pour mieux connaître celle dont elle allait accompagner l’histoire. Puis ce sont les rencontres, les échanges, le texte qui tatonne et se cherche pour doucement trouver la bonne place, le bon ton, la bonne sensibilité. J’ai senti une grande complicité entre les deux femmes, une grande complémentarité aussi. J’ai admiré jusqu’au bout la retenue et la dignité d’Aya qui, dans son livre comme dans ses propos à l’égard de ses lecteurs et des journalistes fait bien comprendre que si elle nous livre un bout de son histoire, elle ne veut pas sombrer dans l’intime et dans la jérémiade. Quel bonheur ce fut de les entendre parler l’une de son histoire et du besoin de l’écrire, l’autre du processus d’écriture qui consiste à pouvoir dire « je » et à prêter sa plume à l’histoire d’une personne qui n’est pas soi et pourtant bien réelle.

 

    Danbé n’est pas un roman de plus qui se voudrait être le récit d’une pauvre enfant issue de l’immigration et vivant dans les quartiers défévorisés parisiens. Il est même son exact opposé. C’est un beau récit, digne et puissant dont je conseille la lecture. Un livre à lire et à faire lire !

 

    Merci à livraddict pour la proposition de partenariat et aux Editions Calmann-Levy pour avoir organisé cet événement et m’avoir invitée.