Des semaines que je dois lire Magnus et que je repousse sans raison valable. Et puis, un soir, en médiathèque, sur un présentoir, A la table des hommes, au sujet duquel j’avais lu un papier très enthousiaste.
A la table des hommes est un récit très particulier, une fable des temps modernes. Tout commence dans un village qui vient d’être bombardé. C’est la guerre. Ont survécu une femme et un porcelet. Ils fuient le village ensemble, la jeune femme nourrissant le petit animal. Le lecteur va suivre le porcelet, qui échappe plusieurs fois à une mort certaine, pris en charge par une daine, créant un lien fort avec un corbeau. Et puis, il y a la rencontre avec un adolescent blessé. Et une drôle de naissance…
De cette nature, naît Babel, une sorte d’enfant sauvage, relié aux éléments. Il va faire la cruelle expérience du monde des hommes, de leur intolérance, de leur capacité à faire souffrir celui qui est différent. Certes, quelques bonnes âmes vont se trouver sur son chemin mais la route est semée de cailloux. A travers les yeux de celui qui va devenir Abel, on redécouvre le monde une nouvelle fois. Le lecteur naît également une seconde fois à travers les yeux du personnage et de la fable racontée ici. Petit à petit, l’époque se précise, suffisamment pour que l’on comprenne sans hésiter la grande actualité de ce récit. Un personnage fort même si sa manière d’être empêche – sciemment je pense – de créer une véritable empathie pour lui ; et une galerie de personnages secondaires qui représentent à eux tous, de nombreuses facettes des hommes d’aujourd’hui.
Si l’histoire est puissante et le personnage remuant, la plus grande force de ce roman réside dans la plume de Sylvie Germain. De ligne en ligne, elle déploie son verbe dans une fulgurance de style qui laisse sans voix. Cette plume a un souffle comme on en rencontre peu dans la littérature. Une marque bien à elle, une grandeur qui ne devient jamais pompeuse. Une écriture qui met à nu, qui dit tout et va chercher l’humanité dans ses moindres retranchements. Une écriture qui jette le personnage en pâture dans tout ce qu’il a de fragile et de pur à la fois. Une écriture dont on espère qu’elle est encore un remède possible à la saleté du monde.
A la table des hommes est un texte poétique, engagé qui met en lumière nombreuses des dérives de notre société. Une lecture fort que je partage avec Noukette, déjà convaincue de longue date par la plume de l’auteur.
Je suis contente que tu aies tenté l’expérience avec moi, elle marque la plume de Sylvie Germain… <3
Oh oui !!!
Comme je le disais chez Noukette, tant la première partie m’a plus et ensuite, l’histoire m’ a moins intéressée malgré la superbe écriture de Sylvie Germain.
Il y a des petits coups de mou en effet dans la 2e partie mais j’ai surtout eu du mal à rentrer dans l’univers si spécial de ce roman 🙂
Je ne l’ai jamais lue mais je ne pense pas débuter par celui-ci, le thème ne m’attire pas trop.
Disons que ce n’est pas banal, en effet 🙂
Maintenant il faut lire Magnus ! mon préféré de l’auteure. Je n’ai pas lu les derniers, les histoires ne me parlaient pas.
Il est sur ma PAL en plus 😉
je le lirai, c’est sûr.
J’espère que tu aimeras 🙂
J’en ai entendu beaucoup de bien, mais le sujet me laisse perplexe…
C’est vrai que c’est particulier 🙂
Ce que tu dis de l’écriture ne peut que me convaincre de découvrir ce roman au plus vite !
J’espère que tu te régaleras !
Un texte qui m’attend, mais que je redoute un peu de commencer.
Tu l’as lu depuis ?
Après le billet de Noukette, comment ne pas se tourner vers ce livre ?
L’occasion pour moi de découvrir cet auteur, qui semble doué d’un très grand talent…
On est d’accord, la Noukette est diabolique 🙂
J’ai lu le Livre des nuits, il y a un moment, et j’avais trouvé ça joli, poétique mais un peu trop « précieux » pour moi. Je sais qu’il faudrait que je creuse un petit peu l’oeuvre de Sylvie Germain, mais j’ai peur de retrouver cette impression à chaque fois…
Je comprends, le style est particulier et j’imagine que ça ne passe pas à tous les coups
J’avais adoré La pleurante des rues de Prague.
Il faut que je lise Magnus déjà 🙂