Aujourd’hui je vous présente un des romans français dans le cadre du prix des Chroniques de la rentrée littéraire.
Si j’ai eu l’occasion de lire de nombreux livres autour de la deuxième guerre mondiale et de la question du génocide et des camps de travail et de concentration, j’en ai lu très peu sur la période qui a suivi directement la libération des camps, c’est-à-dire ce qu’il est advenu de tous les prisonniers de ces camps lors de ce qui aurait dû être un retour à la liberté et donc un soulagement.
Dans ce roman, on est en janvier 1945 en Slovaquie dans un camp de travail pour prisonniers politiques. Les allemands, conscients de l’arrivée des Russes, vont abandonner le camp de Medved. Mais ils vont condamner toutes les possibilités pour ces prisonniers de rejoindre le monde extérieur.
Les prisonniers de Medved vont donc devoir s’organiser pour survivre mais aussi pour vivre en communauté. Les fortes personnalités, dont celle de Dankso, vont rapidement se révéler. Le jeune Matthias va retranscrire dans son carnet rouge toute l’évolution de cette nouvelle vie. Il va y consigner jour après jour la peur, la détresse mais aussi la tentation. En effet, la nourriture abonde enfin mais pour des hommes qui ont été affamés l’excès soudain de nourriture est mortelle. Et certains, trop pressés, y laisseront la vie. Mais il y a aussi la tentation des femmes… En effet, hormis les travailleurs, s’y trouvaient également des femmes. Mais celles-ci n’étaient pas là pour travailler. Elles étaient présentes pour le plaisir des officiers mais également choisies pour leur type aryen afin d’aider à assurer la descendance de la race aryenne.
Et jour après jour, dans cet enclave, dans ce coin retranché et inaccessible, les hommes vont commencer à s’opposer et à se déchirer. En effet, la liberté, aussi relative qu’elle soit en réalité, fait peur. Où sont réellement les allemands ? Doit-on cesser le travail ? Doit-on rester dans ses baraquements ou investir les locaux plus confortables de l’ennemi ? Et comment va-t-on pouvoir échapper à ce camp puisque les allemands ont fait sauter le pont qui en constituait le seul accès.
Finalement, ce roman montre comment la soif de pouvoir fait partie du tempérament humain. Chassez l’oppresseur et un autre prendra inévitablement sa place, même au sein de ceux qui furent d’abord les opprimés.
Je vous invite à aller lire l’excellent avis de Leiloona.
Je vous conseille également la lecture, très forte, du roman La Trêve de Primo Levi qui raconte la libération des camps et la tentative de retour à la vie.
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