Partager la publication "Sex education – instructive ou caricaturale ?"
Comme beaucoup de gens, j’adore les séries. Mais je n’en parle pas (ou très peu) ici. Sex education est une des dernières que j’ai regardées.
Pour l’instant, Sex education c’est une saison de huit épisodes d’une cinquantaine de minutes. Autant vous dire que ça se dévore trop vite… Et pourtant, entre elle et moi, ce n’était pas gagné. J’ai vu les trois premiers épisodes, un peu perplexe. Lâché l’affaire quelques semaines. Puis vu les cinq derniers en une journée, complètement happée par le truc. Bizarre, non ?
Sex education, c’est principalement l’histoire d’Otis, un jeune de seize ans, que le sexe révulse. Il ne parvient pas à se branler, sans vomir ou tourner de l’oeil. Manque de pot pour lui, sa mère est sexologue. Et comme toute mère d’ado, elle est aussi particulièrement envahissante… et se dit que les tabous de son fils feraient un excellent sujet de bouquin. Autour de ce personnage, rajoutez d’abord son meilleur ami Eric, qui est gay. C’est un jeune homme touchant et courageux, qui se bat pour assumer son homosexualité et son goût pour l’extravagance. C’est sans doute le personnage que j’ai le plus aimé dans cette série. Et puis, il y a Maeve, la rebelle au grand coeur. Un super personnage aussi, égratigné bien comme il faut par la vie.
Sur un malentendu, dirons-nous, Otis et Maeve, qui n’avaient rien pour s’entendre, montent un business basé sur les conseils sexo qu’Otis va se mettre à prodiguer aux lycéens de son campus. Comment ? Un ado sans sexualité va devenir une sorte de sexologue junior ? Oui, et c’est là que l’idée est brillante justement.
Le sexe ado vu par les ados
J’avais trouvé la sexualité proposée par la série Elite, un peu trash. Mais les personnages étaient de jeunes majeurs. Ici, ils ont seize ans, donc c’est un peu plus soft. En tant qu’adultes, on a forcément beaucoup de mal à envisager la sexualité de nos enfants. Mon ado a 14 ans, c’est un grand timide. Il en est encore aux balbutiements du flirt. Et comme je le disais dans mon article d’hier, je me demande souvent où il va trouver les bonnes infos.
Alors on parle beaucoup du consentement, de la manière de traiter l’autre avec qui on veut sortir. Même s’il semble n’être attiré que par les filles, je veille à ne pas genrer notre conversation. Et il sait qu’il peut aimer un garçon comme une fille, ce ne sera pas un problème à la maison. Tant qu’il est épanoui et heureux.
Mais en ce qui concerne son éducation sexuelle, justement. Je réponds à ses questions, évidemment. De la manière la plus simple possible, le laissant maître de me demander (ou non) d’être plus précise. Mais ce n’est pas simple de trouver le bon dosage. Alors une série comme Sex Education, je trouve que c’est une mine.
Une série instructive…
Personnellement, je la trouve très juste. Le monde lycéen y est représenté dans toute sa splendeur : le règne de la douleur et du qu’en dira-t-on. La manière dont Eric peut être librement malmené à cause de son homosexualité, tout le scandale de la photo de la chatte pas épilée d’une des lycéennes, les rumeurs, les brimades. Niveau sexualité, je trouve intéressant que chaque épisode se penche sur un (ou plusieurs) sujet différent : la taille du pénis, la masturbation, la simulation, la frontière entre amour et amitié, entre amour et désir, la communication, la première fois. Et finalement pour Otis, se pose également la question du premier baiser. La série parvient à montrer la réalité de ces échanges adolescents, tout en distillant avec un humour so british de vrais messages de bienveillance.
Mais caricaturale, diraient certains sexologues…
Bon ok, le sous-titre est un peu tapageur pour que vous continuiez à lire. Je n’ai lu que quelques phrases d’une sexologue interrogée par Télé-Loisirs (ouais, grande caution scientifique, on est d’accord) et qui n’avait regardé que le départ de la série.
Tout le monde n’accroche pas et c’est normal. Un article très détaillé du Huffington Post regrette que tous les stéréotypes n’aient pas été virés de cette série. Ce n’est pas faux, mais la caricature, je trouve que ça aide à réfléchir. En effet, plus c’est gros, moins ça passe. Ah ah ah, pardon, je n’ai pas pu m’en empêcher.
Stéréotypes, donc…
Alors il est vrai que la mère d’Otis est un stéréotype à elle toute seule… mais n’est-ce pas cela qui la rend attachante ? Je la trouve très intéressante car imparfaite. Elle se débat à trouver le juste milieu entre sa vie pro et la distance à trouver en tant que mère. Mais aussi la question de l’intimité… et quand on élève seule un enfant, il est très difficile d’avoir une vie privée épanouie. Alors que le père qui prend le gosse une fois tous les quinze jours… mais on rentrerait dans un autre débat. De même, il y a des représentations phalliques, des sex toys partout dans la maison… j’y ai surtout vu une manière de montrer à quel point Otis est gêné par le sexe et le métier de sa mère.
J’y ai lu que la sexualité gay était surtout montrée par le prisme d’un rapport sauvage… sauf que pour moi cela sert surtout à expliquer le comportement d’un des personnages. D’autant qu’après, on les voit à peine oser s’effleurer les mains. Mais après tout, suis-je la mieux placée pour comprendre ce qui est discriminant (ne cherchez pas… private joke entre moi et quelqu’un qui ne lit pas mon blog) (donc avec moi-même toute seule) (pardon je reprends)
De même, on n’y parle pas assez du clito, on n’y critique pas assez la pornographie. Mais bon, rien n’est parfait… et je pense sincèrement que cette série lance déjà pas mal de pavés dans la mare. Peut-être d’autres choses seront-elles plus développées si une saison 2 voit le jour. A suivre…
Vous êtes encore là, dites ?
En fait je m’aperçois que je pourrais parler sexe de la série toute la journée. Mais je pense sincèrement que Sex Education fait partie des petites pierres nécessaires à la construction d’un édifice plus complexe. Et qui viserait à mettre la sexualité à sa juste place : quelque chose qu’on aimerait libre, décomplexé et joyeux.
Allez, vous pouvez recommencer à vous branler reprendre une activité normale.
Je regarde relativement peu de séries… La dernière en date, c’est la saison 1 de la servante écarlate, que j’ai beaucoup aimé !
J’avais commencé et lâché (manque de temps). Il faudrait que je m’y remette
Je ne l’ai pas encore vue, mais je suis curieuse ! Peut-être ce week-end !
J’espère que tu partageras ton avis ensuite, ici, sur FB ou sur ton blog 🙂
J’ai aussi beaucoup aimé cette série, et franchement j’aurais aimé avoir accès à des récits aussi francs à l’adolescence !
On est d’accord 😉