Véra – Karl Geary

    Véra de Karl Geary fait partie des romans que je devais lire pour la sélection de novembre du grand Prix des Lectrices Elle.

    Véra, c’est le récit d’une histoire d’amour entre un jeune homme et une femme de vingt ans son aînée. Pourquoi pas ? On se demande même si ça aura un faux air du Liseur de Schlink. Certes, il en a de petites notes mais il n’y a pas franchement matière à comparer.

    Tout d’abord, quand on entre dans ce roman, il faut accepter cette narration à la 2^e personne à laquelle le lecteur n’est globalement pas habitué. Il faut accepter de lâcher prise, de ne pas se demander « qui ? » et se laisser emporter par cette petite voix. Mais une fois passée cette surprise narrative, on peut s’installer dans le roman et vivre avec Sonny tout ce qu’il n’aurait pas cru possible d’entrevoir. Une femme, belle, riche et raffinée.

    Et il sait, dès le premier regard, qu’il la veut, qu’il se sent définitivement attiré par elle. On suit son parcours cahoteux pour la conquérir, on entre avec lui, sur la pointe des pieds, dans l’univers de cette femme fort mystérieuse. Et page après page, le charme opère. Le personnage de Véra se dévoile par petites touches, un peu de la manière dont elle cède à cet adolescent.

    J’ai aimé la manière dont ces deux existences opposées en tous points se nouent et se dénouent. Ce croisement de premières et de dernières fois m’a littéralement absorbée. J’ai été emportée par cette langueur et cette tristesse sourde, par ce personnage de Véra dont les questionnements de femme m’ont beaucoup parlé.

    Un roman impeccable- peut-être un peu trop. D’ailleurs, on finit par ne plus pouvoir le lâcher, entraîné dans le tourbillon fatal qui unit ces deux personnages.

    Néanmoins, on est loin de lire « une histoire d’amour inoubliable » comme nous le vend The Guardian. Sans doute, parce que l’intérêt de ce titre est ailleurs.