Ce roman est celui du brassage
culturel. Entre l’antillais qui assume mal sa négritude, l’Italien qui va
découvrir ce que l’Afrique a semé en lui et la métisse africaine dont la double
culture n’est pas forcément facile à vivre au quotidien, le lecteur est emporté
dans une sorte de quête des origines.
Ce roman fait se croiser plusieurs voix et
demande donc une lecture attentive. Les voix de Céleste, Elliot, Elio mais
également de certains de leurs proches se mêlent donnant à la fois des
éclairages différents sur l’histoire qui se déroule mais offrent également une
palette de tons différents, créant ainsi des personnalités hautes en couleur.
En effet, aucun des personnages ne laisse indifférent. On est subjugué par
Céleste, agacé par l’immobilisme des deux hommes de sa vie, attendri par la
pauvre Olimpia, diverti par Cassandra et même les personnages secondaires
apportent du piment à cette sauce bien relevée déjà.
A première vue, des histoires d’amour, des
histoires de corps fort compliquées dans lesquelles aucun n’arrive à trouver
tout ce qu’il recherche dans une seule personne et multiplie les relations.
Mais ce chassé-croisé amoureux sert en fait de point de départ à des
considérations et à une réflexion bien plus poussées. Le lecteur suit donc chacun
des personnages et découvre des parcours différents mais complémentaires.
L’auteur a le courage de traiter de nombreux thèmes de société : la
discrimination, le métissage mais aussi le financement souterrain du
terrorisme. Si Elio et Elliot (dont la
proximité des noms n’est forcément pas innocente) semblent lancés sur la trace
de la femme aimée et perdue, leur quête est beaucoup plus profonde. Une quête
dont aucun des personnages ne ressortira indemne ; le lecteur non plus
d’ailleurs.
L’histoire n’est pas le seul point positif
de ce roman. Il faut saluer la plume alerte et acérée de l’auteur. Le langage
et la répartie de Cassandra, l’amie de Céleste, sont jubilatoires : on
rit, jaune parfois. Je trouve que l’auteur rend vraiment bien les particularités
linguistiques de chacun des personnages. En lisant Cassandra d’ailleurs,
j’entendais même l’accent africain, pour dire à quel point on est embarqué dans
ce livre.
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