Ce matin, au réveil, je tombe sur une bannière sur Facebook. C’est la semaine de lutte contre le harcèlement de rue ! Parfait, mademoiselle, parlons-en.
Tout d’abord, pas de confusion. Tous les hommes ne sont pas des porcs, Dieu merci ! Un bon nombre d’entre eux sont d’ailleurs aussi féministes que moi. (Entendez féministe dans le sens d’égalité et de complicité homme-femme). Mais alors, ceux qui sont des porcs, le sont vraiment… (et je m’excuse auprès de ces charmantes bestioles roses dont on emprunte un peu à tort le nom pour qualifier des choses n’ayant rien à voir avec elles). Qui se cache derrière ce « Eh, mademoiselle… » ?
Hier encore, dans les rues de Nice, je vois tracer une nana toute mimi, harcelée par deux types. Pas méchamment, on dira… Ben ouais, quoi, ils ne l’ont pas violée… Elle marche tranquillement quand un des deux types lui sort « Eh, mignonne ! Ca va, ou quoi ? » Je vous passe le degré de pertinence de la prise de contact.
Là, elle a deux choix. En vrai, elle n’en a pas car aucun des deux ne sera le bon.
Tout d’abord, si elle ne répond pas, le mec va l’injurier. Ben ouais, quoi, on te fait un compliment et tu réponds même pas ? Connasse, va !
Ensuite, si elle répond un petit « merci », histoire de pas faire d’histoire, le gars prend ça pour un encouragement. Et là, c’est parti pour une salve de répliques sans fond. Et forcément quand la demoiselle finira par éconduire, le gars la traitera de pétasse et lui dira à quel point, elle est moche…
Alors on se demande sincèrement, si ces relous ont déjà réussi à serrer comme ça…
On peut se demander s’il leur manque des codes. Pour certains, je pense que c’est clairement le cas. Ils imaginent que la femme est à leur disposition et qu’ils n’ont qu’à se servir. Alors quand elle résiste… Pour d’autres, je pense qu’ils essaient clairement d’asseoir leur autorité, supériorité ou je ne sais quoi du même acabit. Tout cela pour marquer qu’ils ont une petite bite leur manque de confiance en eux. C’est si facile, hein, de profiter de sa supériorité physique…
Le harcèlement de rue n’est pas une technique de drague.
Et ça met franchement mal à l’aise. Je suis une nana relativement à l’aise avec son corps, en tout cas avec sa féminité. Je suis grande, j’ai de gros seins et ça ne m’a jamais dérangée. Néanmoins, prendre des réflexions dans la rue, subir des sifflements, ça me met vraiment super mal à l’aise. Et je trouve que c’est pire en région parisienne qu’à Nice,par exemple. L’an dernier, je rentre d’un été passé à Nice, en mini-robe, sans encombre. Je me rends à la Poste à pieds, dans ma ville du 91. Il fait beau, j’ai mis une petite robe, un peu au-dessus du genou, pas plus décolletée que cela. Juste une robe, quoi… parce qu’il fait chaud. En l’espace d’une demi-heure, j’ai dû subir plusieurs remarques désobligeantes et sifflets… Morale de cette histoire : ma robe attend, dans un placard, mon prochain été niçois.
De même, que se permettre de toucher le corps de l’autre n’est pas un accident.
Il sont nombreux les témoignages de femmes qui ont dû subir des mains baladeuses, notamment dans les transports ou dans les endroits de foule. Il m’est arrivé une fois de me retrouver avec la main d’un inconnu à l’entre-jambe à une descente de métro. Le temps de comprendre ce qui s’était réellement passé, le mec était loin.
La semaine dernière, je vais manger dans un resto parisien, avec une copine. Quand on est sorti du resto, petite bousculade. Un mec a clairement profité de l’occasion pour s’arrêter derrière mon amie et se coller à elle. Rapidement mais tout de même. Et il aurait largement pu ne pas la toucher.
Quelle misère sexuelle cela cache-t-il ?
Et là on pourrait réfléchir de manière plus vaste. Les mecs sont frustrés et pensent pouvoir se servir comme au supermarché. Problèmes de codes parfois, qu’on peut associer à plein de trucs : image de la femme occidentale dans la pensée d’hommes non occidentaux (pas de racisme, hein, n’en jetez pas…), image de la femme-objet dans les médias, etc. Mais je pense aussi que la misère sexuelle dans laquelle se trouve notre société (mecs en manque, nanas pas satisfaites, etc.) n’est pas sans rapport. On a sans doute jamais autant exhibé le sexe qu’en ce moment. Et pourtant… quand j’entends de parler de porno pour mecs, de pornos pour femmes, des femmes qui seraient cérébrales là où les mecs le seraient moins… Je me demande à quel moment, vraiment, les couples prennent leur pied ensemble. Mais ça, c’est encore un autre débat…
Très bien écrit je valide à 200% super texte
Merci miss 😉
Bravo, c’est très bien exprimé et parfaitement clair !
Merci Kathel 🙂
Vaste sujet loin d’être épuisé malheureusement…
Pour ça qu’on ne doit pas cesser d’en parler
Très intéressante réflexion, notamment sur la misère sexuelle de la société que ces pratiques sous-entendent, à leur du tout-sexe partout…
Merci Liliba 😉
Pas vu ces affiches, mais une campagne qui touche tout le monde.
On est d’accord, il faut sensibiliser à ce fléau