Encore un livre prêté depuis des mois par ma copine Leiloona et qui errait délicieusement dans les limbes de ma PAL. Noukette a sauvé ce livre puisqu’elle en fait aujourd’hui une lecture commune avec Hathaway. Alors, je me suis incrustée…
Ce petit roman part d’un postulat que je trouve en soi fort drôle : si la Reine d’Angleterre se mettait à lire, la face de son pays pourrait-elle en être changée ? Ce postulat de départ m’a séduite puisqu’il suppose l’inverse, elle (et nos dirigeants en général) ne lirait pas… A une époque, où on entend dire dans d’autres contrées (mais pas civilisées, je pense) que l’on peut se passer de lire des classiques tels que la Princesse de Clèves, pensez bien que j’ai trouvé l’idée intéressante et savoureuse.
Alors la reine se met à lire et, horreur, y prend du plaisir. Tout d’abord, elle est guidée dans ses lectures puis commence à vouloir répandre cette passion autour d’elle. Pauvre d’elle ! La lecture est vue soit comme une perte de temps soit comme quelque chose de dangereux. Et là, c’est un débat qui me parle !
Ce livre est succulent, n’ayons pas peur des mots. On y voit une souveraine que la lecture transfigure. La lecture, ce plaisir à la fois intime et exigeant. Et plus elle lit, plus elle s’ouvre au monde, plus elle réfléchit et plus son entourage frémit. Et ceux qui l’encouragent dans cette voie sont tour à tour éloignés d’elle. J’ai d’ailleurs adoré le personnage de Norman qui l’accompagne dans une bonne partie de cette aventure.
Pourquoi cela dérange-t-il autant que cette reine lise ? Tout d’abord car cela renvoie au visage des membres de son gouvernement leur propre inculture, leur ignorance crasse. Ensuite, ne serait-ce pas dangereux de donner pour exemple quelqu’un qui lit et se cultive au lieu de parader ? Ne serait-ce pas dangereux que cela donne envie à chacun de se cultiver et de s’éveiller au monde dans lequel il vit ? Je vous laisse fournir vos propres réponses.
J’ai aimé la description des sensations provoquées par le plaisir de la lecture, ce goût de se replier seule avec son livre puis de vouloir le partager et en parler à tous autour de soi. Et puis, voir le personnage s’éveiller à de nouvelles lectures, retrouver avec délice un livre qui avait pu lui sembler ardu auparavant. Car lire est aussi un exercice. Il faut pratiquer pour progresser et apprécier. Pas de réel plaisir sans effort, La Fontaine et bien d’autres l’ont dit bien avant moi.
Ce livre parle également avec des mots très justes de l’envie d’écrire qui succède à la frénésie de lecture.
Une petite phrase (et il y en a tant d’autres) au détour d’une page : « On n’écrit pas pour rapporter sa vie dans ses livres, mais pour la découvrir. »
Et la fin, me direz-vous ? Réussie et délicieuse !
Les avis fleurissent sur le net, je vous renvoie donc à BOB pour une liste détaillée.
30 réflexions au sujet de “La reine des lectrices d’Alan Bennett”