Notre présent se nourrit de notre passé, sur lequel il est bâti. Si cette phrase semble d’une banalité affligeante, elle n’en est pas moins le creuset fondamental de ce roman. Deux périodes s’y croisent.
D’un côté, on a l’histoire de la jeune institutrice, Maria. Un matin, elle est emmenée suite à une lettre de dénonciation. Son mari serait un collabo et elle est soupçonnée d’être complice. Elle sera battue, torturée et violée. Son mari, lui est sommairement exécuté. De retour au village, sa vie ne pourra plus être la même. Tout le monde la montre du doigt et son petit commerce l’aide à peine à subsister. Et puis, son ventre s’arrondit. Elle va devoir mettre au monde l’enfant de la souillure. Enfant, qui finira par fuir loin de tout ça.
En parallèle, on retrouve Maria soixante ans plus tard. La vieille dame raconte l’Histoire de sa région à la radio et on peut dire qu’elle est une petite célébrité dans son coin. Résidente de la petite maison de retraite dans laquelle elle avait travaillé, comment a-t-elle reconstruit sa vie ? Et pourquoi ce jeune homme traverse-t-il le pays pour lui parler ?
Un très court roman, assez singulier puisqu’il mêle voix et époques. Si les récits historiques m’ont un peu moins emballée, j’ai été fortement remuée par la trame romancée. Cette femme a vraiment connu l’horreur, d’autant plus qu’elle n’était coupable de rien. En temps de guerre, les monstres sont partout et c’est un peu ce que nous montre ce roman. Les hommes se prétendant du bon côté ont pourtant commis l’impardonnable sous couvert d’une bonne cause. Mais nul n’est dupe.
Tout le roman se construit pas à pas vers une révélation finale qui peut laisser sans voix. Tout le monde porte en lui des secrets peu glorieux.
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