Une photo, quelques mots (44)

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   © Kot

    Paraît que je l’ai mérité… mais je voudrais hurler. Paraît que je l’ai mérité… mais je voudrais crever.

    Avant, je ne m’habillais pas ainsi… je ne portais pas ces fringues informes et déchirées qui me donnent l’air de celle à ne pas approcher. Mais avant j’étais insouciante. Avant, je n’étais pas celle qui…

    Des années que je prends le métro pour aller en cours, des années sans avoir conscience du loup qui y rôde. Parfois une place assise, parfois le strapontin, parfois la foule qui t’oppresse. Supporter l’odeur et la présence des gens contre toi, perdre déjà son intimité.

    Alors avant, je portais de jolies jupes, des petits corsages frais, des collants chamarrés. J’attirais l’oeil, c’est vrai. Mais je n’ai jamais demandé à attirer les mains néanmoins.

    Ni les remarques dégueulasses.

    La femme est une proie pour l’homme. Alors on nous dira que les femmes exagèrent, que tous les hommes ne sont pas des bêtes. Certes. Mais il en suffit d’un pour vous mettre en danger, il en suffit d’un pour vous humilier à jamais.

    – Psssst, mademoiselle… tu sais que t’es bonne… psssst, eh, mademoiselle… eh, réponds salope…

    Alors, on ignore et on espère que ça passe. Et puis on ignore aussi le regard des gens autour. Si tous les hommes ne sont pas des bêtes, un paquet d’entre eux est un ramassis de lâcheté. Pas un pour s’indigner, s’interposer. Pas un.

    – Eh, miss ! Miss ! T’es drôlement jolie ! Miss, tu viens boire un verre ! Eh, la miss, réponds quoi ! Tu te crois belle, espèce de boudin ?

    Promiscuité des transports, corps qui se frôlent, se choquent et s’entremêlent. Mains qui s’égarent, se perdent ou trouvent leur chemin… Ne pas oser crier, ne pas oser gifler, pincer, griffer. En silence, le prochain arrêt espérer.

    Sans savoir qu’un jour, un d’eux, enhardi par votre silence, vous suivra. Et à jamais votre vie détruira.

    Charogne !

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57 réflexions au sujet de “Une photo, quelques mots (44)”

  1. Si on se fait belle on est une pute si on se camoufle on n’est pas une femme. Finalement longer les murs et disparaitre… qui n’a pas vécu ce que tu racontes si bien? Merci pour ton texte Stephie

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    • Le métro, la rue… Les réflexions, c’est du vécu. Les mains qui traînent : je me suis posée la question la semaine dernière, en descente de métro mais le monsieur est vite descendu…
      Je n’ai pas vécu la suite mais quand on lit les articles et témoignages sur le sujet, c’est effarant.
      L’incivilité de certains hommes est vraiment une horreur.

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  2. Et voila… On arrive ici le lundi matin, avec le sourire et l’espoir d’une journée ensoleillée, et on est cueilli a froid! 🙂 le texte dit peu mais on vit tout! On sent la tension dès l’ouverture… Un sujet délicat, que tu traites parfaitement, la preuve il m’a fait froid dans le dos… Bravo!

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  3. Stephie> non grosse semaine, peu de temps et lorsque j’ai eu du temps… La phot ne m’a pas inspiré grand chose… Alors cette semaine je ne suis qu’un lecteur!:)

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  4. J’ai la chance d’habiter dans une petite ville maintenant et je ne connais plus cela mais j’imagine trop bien ce qui se passe dans le métro et ailleurs.
    Tu as eu raison d’écrire ce texte. Je ne sais pas si ça servira à éviter le problème mais les femmes qui subissent cela se sentiront moins seules si on en parle.

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  5. Un texte choc comme souvent avec toi, un texte juste qui montre bien la difficulté d’être une jeune femme, d’affirmer sa féminité. Encore un très beau texte !

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  6. Ton texte est juste, terriblement juste. Il me fait penser à ce court métrage qui tourne sur les réseaux actuellement sur cet homme qui ne bouge pas dans le RER pendant qu une fille se fait violer… Le silence des autres est tout aussi coupable… Bravo pour ce texte.

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    • J’avais vu aussi un micro-trottoir avec une fille qui fait aux mecs ce qu’ils font, eux, habituellement. Ca calme bien, je trouve 😉
      Merci pour ton commentaire

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  7. J’ai pris le métro pendant 9 ans, et tout ce que tu dis est vrai car j’ai vu l’inimaginable. Et j’imagine j’usqu’ou peuvent aller ces abrutis quand ils sont a l’abri du regard. Bonne journée.

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  8. Chapeau, Stephie : un texte qui sonne très juste et qui s’attaque avec subtilité à un sujet difficile ! En effet, il doit parler à beaucoup (de femmes ?).

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  9. Merci pour ce texte qui montre une triste réalité à laquelle on s’habitue malheureusement… une main baladeuse (…) ça m’est arrivé une fois. J’étais tellement choquée que j’en ai été marquée très longtemps. Un jour je l’ai raconté et mes auditeurs ne comprenaient pas que ça m’ait autant traumatisée…

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  10. Une évolution de la société qui fait peur…et on parle d’égalité des sexes… être obligée de se déguiser pour ne pas attirer l’attention et se déplacer normalement… terrible ce texte mais il ne reflète que trop bien l’actualité.
    bravo Stéphie

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  11. Fichtre, un texte choc. Ça te va comme un gant ! 🙂

    (Ton texte m’a fait penser à ce que j’ai vécu samedi soir … espérons seulement que la fin ne sera jamais la même … )

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      • Ah non … un type, le même genre … « bonjour » trois fois, la dernière fois en criant presque. J’ai levé la tête « ah tout de même », j’ai eu le malheur de lui répondre bonjour, il a pensé qu’il pouvait s’asseoir à côté de moi. Le reste, pfff, je crois que je me débrouille bien parce que je n’ai pas peur … Mais j’ai bien reconnu le relou de service dans ton texte, même genre ! 🙂

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  12. Brrr !!! cela me rappelle une route en vélo de retour du collège avec une copine, dans une petite ville de province, et un gros dégueu qui nous a dévoilé son anatomie sur sa mobylette. Nous n’avons jamais roulé aussi vite jusque chez ma copine et je n’ai plus jamais eu l’esprit tranquille en vélo après ça même avec une bombe lacrymo dans la poche….

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    • Le problème c’est que maintenant, les pervers, on les trouve à chaque coin de rue et qu’ils sont bien plus discrets…

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  13. ohh que tu me rappelles de mauvais souvenirs. Je suis bien contente d’avoir quitté cette ambiance lourde pour une femme en région parisienne !
    Que je souffle maintenant que je vis loin de tout cela.
    Cela reste navrant et bien pesant et tu as su dégager encore une fois ce malaise avec une formidable plume incisive.

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  14. J’ai le souvenir d’un homme qui m’a interpellée en me disant « vous êtes belle » avec tellement de douceur dans la voix que je m’en souviens encore … malheureusement j’ai aussi vécu le pire ! Merci pour ce texte

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