Femme vacante – Frédérique Martin

Femme-vacante     En ce troisième jour de coup de projecteur, je veux vous raconter comment j’ai découvert Frédérique Martin. Pour la sortie de son magnifique roman Le vase où meurt cette verveine, j’avais été invitée à une table ronde par les Editions Belfond. Au départ, je n’avais qu’une impatience, rencontrer de nouveau Caroline Vermalle, elle aussi invitée, et que je suis depuis son premier roman. Et puis il y a eu la lecture du roman de Frédérique… et j’ai su que cette rencontre me marquerait. J’ai aimé la plume, j’ai aimé l’histoire et j’ai aimé cette femme simple, dynamique et à l’accent chantant. J’ai aimé sa disponibilité et son immense respect de ses lecteurs.

    Les échanges ont continué via Facebook, j’ai suivi avec impatience ses actualités. Attendu son dernier roman, lu avec délice. Et j’ai su que je voulais lire plein d’autres choses d’elle. D’où ce coup de projecteur.

    Aujourd’hui, je vais vous parler de son premier roman, Femme vacante. Il est malheureusement épuisé mais vous pouvez encore vous en procurer quelques exemplaires en le commandant auprès de l’auteur. C’est un roman qui doit être réédité, je vous assure. Il a encore plein de lecteurs à rencontrer.

    Alice avait une vie heureuse, rangée comme disent les gens. Un gentil mari, Julien, trois beaux enfants. Et puis un jour, il y a Laurent. Et pour lui, elle quitte tout. Avant qu’il ne la quitte à son tour. Alors, elle part, laissant tout derrière elle, pour tenter de se retrouver, elle. Et puis, elle rencontre Adèle, une vieille femme grâce à qui elle va apprendre, comprendre et avancer.

    Femme vacante n’est pas un roman facile derrière ses 140 pages et ses gros caractères. C’est un roman qu’on lit phrase après phrase, que l’on pose souvent sur ses genoux, le coeur serré, la larme à l’oeil, le ventre retourné. Mais Femme vacante fait partie de ces romans qui arrivent dans votre vie au bon moment, mis sur votre route par une belle personne qui a eu envie d’en partager la lecture avec vous. Et de ces romans que vous savez devoir vous procurer pour qu’il reste vôtre.

    Alors dans ce roman, il y a Alice et tout ce parcours qu’elle fait, toutes ces choses qu’elle dit et qu’elle encaisse. Mais il y a aussi Adèle et que j’ai aimé Adèle. Frédérique Martin a un talent incroyable pour donner vie aux personnes que l’on nomme pudiquement « les personnes âgées ». Adèle a une sagesse incroyable, elle mêle douceur et grande vivacité, elle est cette figure maternelle que j’aimerais avoir dans mon horizon. Même si une femme que je connais est un peu mon Adèle aussi. Et même si ma pudeur m’empêche souvent de trop la solliciter.

    Et puis ce roman, c’est des mots, des phrases, des images. Alors je vais vous en confier un petit échantillon. Il y en aurait bien d’autres mais vous savez ce que c’est que la subjectivité du lecteur

* C’est cela être seule, porter sans aide l’entière responsabilité de son existence. Aucun répit, on ne peut s’en remettre à personne. […] C’est un poids accablant – pas d’épaule sur laquelle s’appuyer, pas de corps plus solide quand on flanche et l’intolérable absence d’un autre à qui confier sa vie par moments, pour respirer avec hardiesse.

* Je pouvais affronter une séparation brutale, une violente douleur, mais pas la lenteur des sourdes agonies.

L’indifférence est une violence feutrée qui écrase sans qu’il y ait lutte.

Mais cet homme-là, rares sont celles qui l’ont rencontré Du coup, il leur faut admettre qu’elles n’ont pas les épaules pour séduire l’homme libre et puissant alors il leur reste l’abîmé qui pourra se soustraire à leur affection.

Enfin, je peux couper les cordes et délacer mes bras Enfin, je peux laisser venir le tourbillon des grandes étendues, la folie du large et l’ivresse de la lumière.

Une lecture commune avec ma Noukette.

frédérique martin

19 réflexions au sujet de “Femme vacante – Frédérique Martin”

  1. Merci Stéphie, ce roman je l’ai beaucoup porté en lectures publiques, mais seule, on ne peut pas grand chose. Je sais intuitivement qu’il a encore une vie en attente, et ce sont les lectrices et les lecteurs comme vous qui m’en donnent la confirmation.

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  2. ♥ Pas mieux… J’avais hâte de lire ton avis, pour toutes ces choses que tu dis et aussi pour toutes celles que tu ne dis pas… C’est un roman précieux que je suis ravie d’avoir partagé avec toi… ♥

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  3. A lire les extraits, l’auteure est aussi douée pour décrire la solitude que les personnes âgées. Je suis très tentée ..

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  4. Merci Stéphie! Noukette m’a mis les larmes aux yeux mais avec toi je les laisse couler. De la même façon que je les ai laissées couler il y a quelques années quand j’ai découvert ce magnifique roman. Tu comprends maintenant pourquoi je suis Frédérique Martin avec autant d’assiduité?!! Pour moi, elle est un très grand écrivain. Merci encore pour ce coup de projecteur. Pour ma part, je vais essayer encore de trouver le recueil pour lequel elle a obtenu le Prix Prométhée de la nouvelle. Je ne désespère pas. Pas encore…

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    • Oh oui, je comprends et te remercie grandement pour ce prêt. Pour « l’écharde du silence », il est commandable sur le net 😉

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  5. Tu me donnes très envie de découvrir Frédérique Martin avec ce coup de projecteur !! Je ne l’ai pas encore lue. C’est vrai que les rencontres sont parfois essentielles et déterminantes… Je suis fidèlement quelques auteurs comme ça. 😉

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  6. Merci pour ce beau billet qui donne envie de se jeter sur ce roman. Derrière la dureté du thème, on pressent des questions universelles sur la solitude intrinsèque de l’homme…

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  7. Ce billet me fait penser à celui que tu avais écrit sur le Brasseur, parce que l’on sent derrière une résonance intime dont tu parles à demi-mots (et ça j’aime et c’est pour ça que je blogue). En général, je ne suis pas très encline à lire tout ce qui tourne autour du couple, je ne sais pas pourquoi, cela ne me touche pas forcément, mais il y a Adèle (un prénom qui fournit quand même de superbes personnages littéraires soit-dit en passant), et visiblement c’est une romancière qui sait parler des anciens (la Verveine mettait en scène un couple âgé aussi non ?!) donc je la découvrirai avec l’un de ces deux titres, histoire de me faire mon idée sur ta chouchoute 😉

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    • Oui la Verveine racontait la correspondance d’un couple âgé qui avait dû être séparés à cause de la maladie et hébergés chacun chez un de leurs enfants.
      Merci de ton commentaire, il est précieux

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