Au coeur du silence de Graham Joyce

    Zoe et Jake sont un joli petit couple marié. Ils passent, comme assez souvent, leurs vacances au ski. La journée est belle, les tourtereaux fondent à vive allure à travers les pistes enneigées… et là c’est le drame ! Une avalanche qui recouvre tout. Zoe et Jake s’extirpent miraculeusement de là et décident de retourner jusqu’à la station : personne ! Puis jusqu’à l’hôtel : personne non plus. Et toutes leurs tentatives pour quitter les lieux se révèlent infructueuses… il semble qu’une force mystérieuse les ramène sans cesse à l’hôtel. Et puis personne ne répond au téléphone… nulle part… Leur amour et leurs nerfs vont être mis à rude épreuve.

    L’idée de mêler romance à un fond fantastico-thriller (désolée, je n’ai pas trouvé mieux) était astucieuse. Je me suis dit « chic, ça va changer un peu ». Le roman se lit tout seul (deux bonnes heures pour ces 309 pages), les dialogues et les scènes s’enchaînent sans temps mort et c’est la principale force de ce roman. La seule ? Non, non, je n’ai pas dit ça…

    Soyons honnête… le premier revirement vers la centième page, je l’avais vue venir comme une maison. On va dire que je suis douée d’une perspicacité folle (quand on sait que je me fais ballader dans tous les thrillers que je lis, même ceux pour enfants de 6 ans…) et que ma grande culture livresque m’a permis de dénouer ce fil. Et puis la fin… ben là également, elle était évidente pour moi. Les indices sont nombreux tout de même et un lecteur attentif ne peut les louper. J’ai lu quelques avis de ça, de là, disant qu’ils ne s’étaient pas attendus à une fin pareille, que le suspense était insoutenable… mouais… Bon, je dois reconnaître que certaines scènes sont angoissantes et que parfois, on attend la chute avec impatience. Et puis l’auteur choisit dans le dernier tiers d’utiliser sans cesse l’image du cheval qui est un psychopompe de la mort en littérature, alors bon… voilà quoi…

    Au coeur du silence est un roman qui se lit tout seul, doté d’une très jolie couverture, qui trouvera ses lecteurs, je n’en doute pas. Par contre, je dois vraiment dire qu’il y a un truc qui m’a gênée, mais vraiment gênée… La vulgarité des personnages… Entendez, la vulgarité gratuite. On a un couple amoureux et pourtant, ils se balancent des « connard » et autres doux surnoms comme si de rien n’était, pour ponctuer leurs répliques… Alors soit c’est encore un problème de traduction, soit c’est du grand n’importe quoi… On sait très bien que certaines tournures en anglais ne peuvent être traduites telles quelles en français sans créer un immense décalage… Et là, c’est vraiment fatigant. Je pense que c’est ce qui m’a le plus freinée et m’a empêchée de créer un quelconque lien d’empathie avec ce couple qui pourtant traverse une douloureuse épreuve… Ah si, j’ai failli oublier… quand on arrive à la fin et que l’on comprend ce qui leur est vraiment arrivé, on a du mal à valider comment la jeune femme a pu aller à la pharmacie et obtenir des tests de grossesse sans arrêt, qu’elle faisait plusieurs fois par jour… ahum…