Une photo, quelques mots (10)

@ Romaric Cazaux

    Encore un… encore un qui attend de venir confier tout ce qu’il a sur le coeur, tout ce qu’il a sur la conscience. Se soulager seulement ou penser que prière ou confession peuvent vraiment, à elles seules, effacer tous les péchés et donner l’absolution ?

    Alors que va-t-il déposer ici, celui-ci ? Une arnaque aux assurances ? Un coup tordu à un collègue de travail ? Le remords d’avoir écrasé le roquet hurlant de sa mère ? Un adultère ? A moins qu’il ne se soit garé sur une place handicapé…

    Parce qu’au final, les gens viennent se confesser comme ils iraient aux urgences parce que leur médecin généraliste n’a pas de place ou au lieu d’aller chez leur psy  pas remboursé par la sécu…  Alors là, forcément, c’est gratuit et puis sur un malentendu, si je pouvais vraiment pardonner… Au mieux, ça marche ; au pire, ça ne fait pas de mal.

    Pas facile d’être Dieu dans ce monde qui semble avoir perdu tout sens des valeurs, toute notion de patience, toute capacité à aimer son prochain dans sa différence. Alors malgré tout ce que je peux bien penser quand je suis fatigué de porter à bout de bras cette ingrate humanité, je vais m’approcher et souffler doucement. Souffler et insuffler ce qu’il prendra pour un regain d’optimisme, pour un retour de son entrain et qui lui permettra d’avancer. Et qui sait… d’insuffler à son tour autour de lui tout l’amour et toute la tolérance que je lui aurai transmise.

    A moi seul, je ne suis rien. Mais le monde serait bien meilleur si chacun de vous y mettait un peu du sien.