Partager la publication "Deuxième chronique du règne de Nicolas Ier de Patrick Rambaud"
Voici la suite d’un petit essai lu il y a quelques semaines (résumé ici), et je dois avouer que je n’ai pas été déçue. J’ai même beaucoup ri. Patrick Rambaud a su renouveler l’exploit du premier opus.
Tout d’abord, je voudrais attirer votre attention sur la couverture du livre. Je pense que vous y avez bien vu la parodie du tableau de David, Le sacre de Napoléon. Les figures en arrière-plan reprennent celles du tableau d’origine, mais Napoléon et son épouse sont remplacés par notre président et son épouse. On remarquera leurs lunettes de soleil, la Rolex du président ainsi que leurs mines réjouies (ou narquoises ?)
Venons-en maintenant au livre. Patrick Rambaud ne pensait pas avoir à écrire une deuxième chronique des frasques de notre président. Et pourtant il y a matière et on découvre avec beaucoup de plaisir de nouveaux personnages : l’impératrice Carla, la princesse Rama et M. de la Poste.
Le ton est donné dès l’épigraphe avec cette phrase de Nicolas Chamfort : » La France est une monarchie tempérée par des chansons. » De même l’avant-propos qui commence par « Adresse à Notre Très Emoustillant Souverain, Trésor National Vivant » est un véritable morceau de bravoure.
Ce livre foisonne de portraits truculents. Mes préférés sont celui de Mouammar le Cruel (Khadafi), celui de Bigard (dont la visite à Rome est à pleurer de rire). On y lit la réécriture de la cérémonie des voeux, de la consultation à l’astrologue, la libération d’Ingrid Bétancourt, l’incident de la villa de Clavier et cerise sur le gâteau les Jeux olympiques de Pékin.
Rambaud passe au crible tous les grands événements de cette dernière année et réanalyse chaque situation avec beaucoup de lucidité et toujours la même feinte naïveté. Finalement, c’est un peu comme les Guignols, c’est là que finalement on a la vision la plus proche de ce qui se déroule vraiment. Même si évidemment le style de Rambaud est bien plus fin que celui des marionnettes. Et puis, l’auteur ne s’acharne pas uniquement sur le président, car cela pourrait ressembler à de la critique individuelle, il va plus loin et démonte toutes les actions politiques jusqu’aux actions de l’extrême-gauche. C’est finalement une très bonne analyse du guêpier politique dans lequel notre société évolue.
Quelques pépites :
* Le fameux SMS envoyé à Cécilia est rebaptisé le Super Message Secret
* « La baronne d’Ati qui gardait les Sceaux et les robes prêtées par M. Dior, était indésirable dans les nombreuses villes dont elle voulait fermer les tribunaux. »
* » La princesse Rama fut néanmoins la plante en pot qu’elle refusait d’être. Son allure et son allant suffisaient à Sa Majesté qui lui offrit ce rôle ornemental dans le décor de sa Cour où manquait justement une touche d’Afrique Noire. »
* Au sujet de la libération d’Ingrid Bétancourt : « de multiples entatives ayant avorté, on s’attendait à ce que Notre Bien-aimé Monarque fût parachuté au-dessus des andes avec une carte des sentiers de randonnée et un bazooka puisqu’il disait tout faire lui-même. »
Je vous recommande vivement la lecture de ces deux ouvrages. L’auteur laisse entendre à la fin du livre que d’autres chroniques ne sont pas exclues tant la source d’inspiration est foisonnante.
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