Ce titre avait été conseillé mais pas retenu lors d’une lecture commune sur un forum de professeurs de lettres. Récemment, je l’ai aperçu sur les rayonnages de la médiathèque alors je n’ai pas hésité à l’emprunter, d’autant que le résumé et la couverture m’intéressaient.
Ce dont ça parle :
Edward et Florence viennent de se marier. Ils sont jeunes, ils s’aiment et sont vierges tous les deux. Et voilà la nuit de noces tant attendue… enfin surtout pour Edward, car Florence redoute ce moment depuis le moment même où elle a compris qu’elle aimait Edward. Tout ce qui concerne l’acte sexuel la rebute, l’écoeure.
Cette nuit de noces va se révéler très longue et sera l’occasion pour le narrateur d’opérer des digressions sur le passé des deux jeunes mariés mais aussi de dépeindre une époque (les années 60) de l’Angleterre qui n’a pas encore connu la révolution sexuelle.
Ce roman est une sorte de huis-clos dans une chambre d’hôtel et l’atmosphère est très pesante pour les deux jeunes gens.
Ce que j’en ai pensé :
J’ai surtout aimé le début du roman car le narrateur varie les points de vue et que l’on accès d’une part à l’excitation d’Edward et de l’autre à la répugnance de Florence. Ce que j’ai trouvé drôle (oui, je sais…) ce sont les erreurs d’interprétation de l’un et de l’autre dans la chambre nuptiale. Chacun comprend de travers les gestes de l’autre, renforçant ainsi le quiproquo. Je dois avouer que j’ai ri au début, de cette inexpérience.
Mais petit à petit, cela grince de plus en plus car on comprend que les choses peuvent difficilement s’arranger et que le poids du passé est trop fort (je me demande si Florence n’a pas subi d’inceste). Les histoires des deux jeunes gens sont très touchantes et le tableau de l’Angleterre de cette époque instructif sur les mentalités.
Cependant, la fin m’a semblé un peu bâclée et vouloir prendre le seul parti de Florence en occultant les raisons du choix d’Edward. C’est dommage.
Quelques phrases :
* » Serait-elle donc obligée, le moment venu, de se transformer pour Edward en une sorte de portail ou d’antichambre qu’il puisse franchir ? Presque aussi fréquemment revenait ce mot qui n’était synonyme pour elle que de souffrance, de chairs tranchées par une lame : pénétration. »
* Sur la masturbation : « Il était né en 1940, trop tard dans le siècl pour croire qu’en satisfaisant quotidiennement ce besoin il se vidait de son énergie, risquait de devenir sourd, ou encourait le regard réprobateur et incrédule de Dieu. Ou bien que tout le monde autour de lui connaissait la vérité, à cause de sa pâleur et de son air renfermé. »
* « Elle comprenanit parfaitement que cette histoire de langues, cette pénétration, n’était qu’une répétition en miniature, un tableau vivant rituel de ce qui l’attendait, tel un des ces anciens prologes de théâtre qui vous annoncent ce qui va arriver. »
* « Cette contradiction se trouvait désormais résolue par une simple expression, par le pouvoir qu’ont les mots de rendre visible ce qui ne se voit pas. »
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