Après La mort du Roi Tsongor, j’avais très envie de lire autre chose de cet auteur. Et je dois avouer que le résumé de La Porte des Enfers me faisait de l’oeil.
De quoi ça parle :
Matteo est pressé ce matin-là, et tire Pippo son fils derrière lui. En pleine rue, un coup de feut retentit. C’est Pippo que la balle perdue atteint. Et la vie s’arrête alors pour Matteo et pour Giuliana sa femme. Devant l’incapacité de la police à punir le coupable, Giuliana va demander à son époux de lui ramener son enfant ou de punir lui-même le meurtrier. Mais on ne peut faire revenir un mort… Cependant Matteo ne parviendra pas à tuer…
On lit en alternance avec le récit de l’histoire de Matteo, un autre récit à la 1ere personne. Récit qui se déroule vingt ans plus tard, raconté par Pippo lui-même, venu se venger.
Comment est-ce possible ? Franchissez avec Matteo la porte des Enfers.
Ce que j’en ai pensé :
C’est le deuxième Laurent Gaudé que je lis, et encore une fois j’ai adoré. Les narrations se croisent à merveille, on est tenu en haleine du début à la fin. On peut y lire des réflexions fort justes sur la mort et ce qui peut se trouver après. Laurent Gaudé dit avoir écrit ce livre pour ses morts, et on a l’impression qu’il l’a écrit pour les nôtres aussi. Il revisiste la mythique descente aux Enfers et en explore les tréfonds. J’ai beaucoup aimé les personnages qui ont aidé Matteo dans sa quête : beaucoup de justesse dans leurs portraits. Un petit bémol tout de même à mon goût : les deux-trois pages de l’entrée dans les Enfers ne m’ont pas totalement convaincue. Hormis ce petit bémol, c’est un livre sur lequel je vous conseille de vous jeter.
Quelques belles phrases :
* « Vous n’avez jamais
l’impression que ces êtres-là vivent en vous ?… Vraiment… Qu’ils
ont déposé en vous quelque chose qui ne disparaîtra que lorsque vous
mourrez vous-mêmes ?… Des gestes… Une façon de parler ou de
penser… Une fidélité à certaines choses et à certains lieux…
Croyez-moi. Les morts vivent. Ils nous font faire des choses. Ils
influent sur nos décisions. Ils nous forcent. Nous façonnent. »
* » C’est l’autre aspect de la porosité des deux mondes. Nous ne sommes
parfois plus si vivants que cela. En disparaissant, les morts emportent
un peu de nous-mêmes. Chaque deuil nous tue. Nous en avons tous fait
l’expérience. Il y a une joie, une fraîcheur qui s’estompe au fur et à
mesure que les deuils s’accumulent… Nous mourons chaque fois un peu
plus en perdant ceux qui nous entourent. »
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