Cela faisait un moment qu’il me tentait et je n’avais jamais rien lu de cet auteur dont le nom semble pourtant être une référence. J’ai profité de sa présence dans ma médiathèque pour réparer cette lacune. Il en reste tellement d’autres…
De quoi ça parle :
Desmond est un brillant professeur de linguistique à l’université. Mais une perte rapide de l’ouïe l’a contraint à anticiper son départ en retraite. Et depuis quelques mois, il s’ennuie ferme. De plus, sa surdité grandissante est un réel obstacle dans ses relations avec les autres.
Un jour, à l’occasion d’un vernissage, une étudiante très étrange va faire irruption dans sa vie. Elle va le contraindre à l’aider dans sa thèse et l’inscrire dans un cercle vicieux et dangereux.
Ce livre est également le récit des relations avec son père vieillissant, celles avec son épouse et avec le reste de la famille.
Ce que j’en ai pensé :
Ce roman traite de manière judicieuse et pudique du vieillissement. On avance avec Desmond dans un univers feutré duquel le son disparaît peu à peu. On rentre dans l’intimité de ceux qui souffrent de surdité et cela remet de nombreuses choses à leur place. De plus, toute l’analyse de la relation avec le père donne également matière à réfléchir puisqu’elle est l’occasion d’appréhender le vieillissement et la possibilité d’aller dignement vers la mort. Ce roman est vraiment très nostalgique et sombre, très certainement largement empreint des angoisses de l’auteur qui souffre lui aussi de problèmes auditifs.
Cependant, j’attendais un peu plus de l’intrusion d’Alex Loom, la jeune étudiante. Malgré l’emprise du départ, je trouve que finalement elle disparaît de manière bien pratique à la fin du roman. J’attendais une descente aux enfers un peu plus violente. Mais Desmond est finalement un personnage très raisonné et raisonnable.
J’ai dans l’ensemble pris beaucoup de plaisir avec ce roman notamment parce que le style en est agréable. D’ailleurs Lodge commence son livre en remerciant ses différents traducteurs. Et j’ai été ravie que la traduction rende compte de tous les jeux de mots que Lodge a pu faire en anglais, notamment autour du titre original Deaf sentence.
Quelques belles phrases :
* « La langue est ce qui fait que nous sommes humaines, ce qui nous distingue d’une part des animaux et d’autre part des machines, ce qui fait de nous des êtres conscients, capables de pratiquer les arts, les sciences, tout ce qui fait la civilisation. C’est la clé pour tout comprendre. »
* « Pour moi, la façon qu’on a de traiter un livre est une marque de civilité. Je reconnais faire parfois des petits signes au crayon dans la marge des livres empruntés à la bibliothèque, mais je les efface scrupuleusement qund je parcours les pages à nouveau et prends des notes. Ca me met en rage de trouver des passages dans les livres de la bibliothèque qui ont été lourdement soulignés, souvent à l’aide d’une règle, par un emprunteur précédent, sous le prétexte fallacieux que cette procédure va probablement contribuer à imprimer les mots dans on cortex cérébral. »
D’autres avis chez Calepin, Keisha, Sentinelle et Cuné.
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